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Archive for the ‘Connaissances scientifiques’ Category

Cold Reader

Cliquez sur le lien (ou l’image) ci-dessus pour lire ou télécharger gratuitement le livre « Cold Reader »

(cela peut prendre quelques secondes pour s’afficher)

Journaliste :

Certaines personnes affirment sérieusement que Franck Roid, à l’âge de seulement 28 ans, est l’un des plus grands leaders du monde moderne. Que pensez-vous de cette affirmation ?

Franck Roid (d’abord un peu surpris, puis le sourire aux lèvres) :

Eh bien, je pense que le leadership d’une personne s’évalue au nombre et à la qualité des gens qui la suivent. Mais les personnes qui cherchent en quelqu’un un leader se trompent, il y a plus noble que le leader je pense.

Journaliste :

Quel est cet individu « plus noble » ? Vous éveillez ma curiosité.

Franck Roid :

Un grand homme doit donner du pouvoir aux gens. Il doit les aider à être maîtres de leur vie et non qu’il se rende maître de leur vie… J’essaye à tout prix de tendre vers cet idéal.

« C’est l’histoire d’un explorateur qui découvrit un vaste monde, et y invita l’humanité ». Ce récit pourrait commencer de cette façon. Il pourrait même être résumé de cette façon…

J’ai écrit cette histoire pour vous. Vous pouvez la partager avec tout ceux que vous aimez si vous l’avez appréciée (ou alors avec ceux que vous n’aimez pas si vous ne l’avez pas appréciée), gratuitement cela va sans dire, et sans restriction.

Ma seule demande en échange, c’est de respecter les droits d’auteur (et donc de ne rien modifier). Je sais, je suis exigeant, mais j’aimerais beaucoup ne pas voir sur le net le même Cold Reader écrit par un obscur « Charles Hathan », cela me chagrinerait quelque peu…

Pour ce qui est des informations sur l’auteur je ne vous ferai pas l’affront de les écrire à la troisième personne (à la Jules César), tout le monde sait que c’est moi qui écris… Donc je resterai subjectif.

Pour résumer, j’ai créé mon entreprise en 2007, à l’âge de 24 ans, juste après mes études scientifiques. Je travaille depuis comme consultant indépendant, en stratégie d’entreprise. J’ai dès lors énormément appris, dans presque tous les domaines que j’ai approché. Possédant une vision bien particulière de la réussite, je veux également vous la faire partager sous une forme qui, je l’espère, permettra l’évasion de beaucoup d’entre-vous.

Ce « roman », plutôt court, est ma première histoire. Veuillez m’accorder toute votre bienveillante indulgence devant cette première naissance, si fragile et peut-être, si prometteuse à la fois. Inspirée de faits réels, elle a pour vocation de vous faire découvrir un domaine de connaissance de façon concrète, agréable, et en un temps assez bref.

Ici, le sujet du « Cold Reading » a été choisi un peu par hasard, en repensant à mon ancien professeur de physique et de « zététique » (je sais, vous ne savez pas ce que cela signifie, mais vous allez vite le découvrir). Après ce récit, j’en écrirai bien-sûr d’autres, sur d’autres sujets.

Tout cela fait beaucoup de « Je ». Alors « je » m’efface, et vous propose maintenant de nous préoccuper de vous, de votre évolution et de vos rêves. Appropriez-vous ce livre, cette histoire et son contenu, car une fois lu il vous appartiendra complètement. C’est votre vie après tout !

Chère lectrice, cher lecteur, à présent c’est à vous…

Alexandre Delivré

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Il y a quelques mois de cela, j’ai reçu par la poste un manuscrit de Florent Fouque, un consultant que j’ai connu grâce à nos écrits respectifs sur Internet. C’était le manuscrit de son livre : « A la découverte du Lean Six Sigma ». D’ailleurs j‘y voyais un excellent livre, incontestablement : pédagogique (sous forme de roman), clair (beaucoup d‘illustrations), rigoureux (nombreuses références) et instructif (j‘ai enfin compris ce qui se cachait sous le nom barbare de « Lean-Six-Sigma » ).

 

Pour faire honneur à son remarquable travail, et pour le remercier de m’avoir fait participer, modestement, à son aventure, je vous livre ici une interview de Florent. Vous y verrez des sujets très divers : son livre, ses méthodes, ses projets, sa vision…

 

Les phrases en bleu sont de moi, celles en violet sont de Florent.

Bonne lecture à toutes et à tous !

 

 

1 ) Pourquoi as-tu choisi d’écrire sur le Lean-Six-sigma ? Un intérêt particulier pour toi ? Ou pour les autres ?

 

Il y avait certes un intérêt particulier pour moi, sinon il m’aurait été difficile d’affronter un tel projet que celui d’écrire un livre. Mais mon intérêt est avant tout, tourné sur les autres. Quand je me suis intéressé au Lean Six Sigma mon premier réflexe a été de me tourner vers la littérature existante, or j’ai été très surpris de voir que tous les livres qui traitaient du LSS le faisaient d’une manière bien peu accessible. Il m’a donc fallu 7 livres pour commencer à toucher du doigt cette méthodologie qui au final n’est pas aussi compliquée qu’elle n’y parait. Ce livre a donc pour but de démocratiser cette méthodologie qui à mon sens va devenir incontournable dans les années à venir.

 

Et pour toi, pourquoi le LSS n’est-il toujours pas devenu incontournable ? C’est un problème d’information ou de compréhension ?

 

C’est un problème de marketing ! La méthode a été construite autour d’une communauté d’experts. Au démarrage ça a très bien fonctionné, car le phénomène communautaire a pris une ampleur importante aux Etats-Unis. Les gens se sentaient valorisés par leur certification green belt, black belt etc. Le problème c’est que ce qui a fait le succès de la méthode hier est devenu un frein aujourd’hui, car lorsqu’on parle aux gens de Lean Six Sigma et qu’on appelle les praticiens green belt ou black belt (ceinture verte, ceinture noire) on a le sentiment que c’est une méthode qui demande beaucoup d’apprentissages avant d’être mise en oeuvre : c’est une erreur fondamentale ! Ensuite il y a une raison culturelle, aux états unis, ils lancent des programmes et regardent ensuite si ça fonctionne. Ils se posent moins de questions que nous autres français. Et dès qu’on commence à se poser des questions, on revient sur le premier argument « C’est trop compliqué ! Ce n’est pas fait pour nous ! »

C’est pour ces raisons que je m’évertue à désacraliser la méthode. Pour moi le LSS n’est pas réservé aux experts et il n’est pas utile d’avoir une certification pour lancer de tels projets.

 

Pour moi le LSS n’est pas réservé aux experts et il n’est pas utile d’avoir une certification pour lancer de tels projets

 

 

2 ) Une question difficile (et souvent détestée par les auteurs de livres) : Peux-tu nous dire en quelques mots le principe du Lean-Six-Sigma ?

 

L’exercice est vraiment difficile, car le Lean Six Sigma intègre beaucoup de concepts… Mais si j’essaie de jouer le jeu, je dirais que le principe du Lean Six Sigma est de proposer une boite à outils et une méthodologie structurée pour optimiser les processus en les ajustant aux besoins exprimés par les clients (qu’ils soient en interne ou externes).

 

C’est comme si on m’avait demandé de résumer l’approche systémique en une phrase, un exercice périlleux… Merci pour ta réponse. Le LSS est donc un moyen de mieux penser ses actions et son entreprise, afin d’améliorer la qualité globale de ses produits et de ses services, c’est bien ça ?

 

Oui, c’est exactement ça !

 

Le principe du Lean Six Sigma est de proposer une boite à outils et une méthodologie structurée

 

 

3 ) Pourquoi avoir choisi le style romancé pour un livre traitant de l’organisation et du business ?

 

J’ai choisi la forme du roman avant tout pour ces vertus pédagogiques. Et puis dans le roman, tout est permis. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu placer la transposition du programme Apollo 11 sur un projet Lean Six Sigma dans un livre théorique. Et pourtant, il me semble que cette analogie apporte beaucoup dans le récit. En même temps, je souhaitais que ce livre reste un outil, c’est pour cela que j’ai accompagné le livre d’un CD-Rom qui permet au lecteur de bénéficier de tous les outils utilisés dans le projet et de les utiliser comme modèle s’il souhaite se lancer à son tour dans un projet.

 

D’où te viennent tes connaissances sur Apollo 11 et pourquoi le choix de cet exemple ? Sais-tu si la méthode LSS est utilisée de nos jours dans la conception des engins et programmes spatiaux ?

 

Je n’ai pas de connaissance spécifique sur Apollo 11. Je suis tombé par hasard, via un blog, sur le dossier presse de la mission Apollo 8, mission qui constituait un essai pour le lancement d’Apollo 11. En parcourant le document, j’ai vu le schéma avec les différentes étapes depuis le lancement jusqu’au retour. J’ai trouvé que cela ressemblait beaucoup à la décomposition des étapes d’un projet LSS. Dans ma tête ça a fait bingo ! Ensuite j’ai brodé autour et j’ai fait pas mal de recherches pour trouver d’autres analogies encore plus précises. Bref, l’analogie d’Apollo 11 que je trouve très riche après coup est née par sérendipité !

Et effectivement, je crois que la Nasa utilise le LSS mais je ne pourrais t’en dire davantage sur le sujet.

 

J’ai choisi la forme du roman avant tout pour ces vertus pédagogiques

 

 

4 ) Pourquoi avoir intégré de la systémique dans un livre qui traite du Lean Six Sigma ? Est-ce que la systémique est un outil issu de la méthode ou est-ce un souhait de ta part de l’incorporer ?

 

Pour moi la systémique est un cadre de perception très puissant qui peut être utilisé dans tout ce que nous faisons. Il aurait donc été dommage de s’en priver. Par nature le Lean Six Sigma intègre une formalisation systémique des processus, mais quand on arrive dans la phase d’analyse je trouve que les outils du LSS ne sont plus aussi efficaces sur des problématiques complexes comme la gestion des flux d’information et les contraintes organisationnelles, que sur des processus de fabrication très linéaires. Comme mon livre présente un projet d’amélioration de processus de service, la modélisation systémique venait naturellement apporter un plus dans le récit.

 

Donc la systémique te permettrait d’étendre le LSS en quelque sorte ? Pour toi, cette combinaison représente l’avenir très proche ou y-a-t’il encore trop de chemin à faire ?

 

A mon sens il y a encore du chemin avant que les praticiens du LSS se mettent à la systémique. La plupart des consultants qui connaissent le LSS travaillent avec depuis longtemps. Ils sont devenus archiconvaincus que le LSS s’adapte à toutes les situations sans se poser la question de la légitimité de son utilisation dans certains contextes. Et l’apport statistique du 6 Sigma n’arrange pas les choses puisque les vieux praticiens ne jurent que par Y=f(x), alors leur expliquer que X1+X2+Xn est à la fois supérieur et inférieur à Y, ça fait un peu beaucoup. D’ailleurs, j’ai déjà eu des remarques assez virulentes d’un master black belt (un gourou au milieu de la secte du LSS), sur ma légitimité à intégrer la systémique à la méthode. Bref, il faudra attendre une génération de praticien de la systémique et du LSS intégré pour que cela prenne forme. J’y travaille beaucoup de mon côté. J’ai notamment écrit toute une série d’articles sur mon blog où je présente l’intérêt d’intégrer la systémique au LSS, il faut bien l’avouer ces articles reçoivent peu de commentaires.

 

Cette association se prête-t-elle plus aux métiers de services dits « Professionnels, Scientifiques et Techniques », dans lesquels peu de processus sont vraiment linéaires au bout du compte ?

 

Totalement. Comme je le disais, le Lean Six Sigma a vu le jour dans les usines de production, là où les processus sont linéaires, c’est à dire là où ils sont plus compliqués que complexes. Dans les services les nombreuses interactions rendent les problématiques complexes et pour gérer la complexité quel meilleur outil que l’approche systémique ?

 

Pour moi la systémique est un cadre de perception très puissant qui peut être utilisé dans tout ce que nous faisons

 

 

5 ) Quels genres de bénéfices tirent les professionnels de la lecture de ton livre ? Et quels genres de professionnels sont le plus concernés par les principes traités dans ton ouvrage ?

 

Il y a deux types de bénéfice à tirer de mon livre. Le premier ce sont les gains directs du projet. Chaque projet intègre une phase de valorisation des gains apportés par le projet LSS. La plupart des projets LSS permettent aux entreprises de gagner entre 30000€ et plusieurs centaines de milliers d’euros. Par exemple, mon tout premier projet LSS a permis de réduire de 145000€ les coûts de traitement des commandes. Et mon projet a permis de déceler un million de gains potentiels sur un autre projet. Submergés par le quotidien, on ne se rend plus compte des potentiels de gains qui sont à notre portée, les projets LSS permettent de le mettre à la lumière du jour.

Le deuxième bénéfice est personnel. L’ajout du LSS à nos compétences sur le CV permet de valoriser une efficacité reconnue par les recruteurs. Dans certaines entreprises, la maitrise du LSS est une nécessité (même si ça n’est pas suffisant) pour être promu sur les postes les plus stratégiques.

Pour le public de mon livre, je dirais que tous les managers en responsabilité d’un service ou d’objectifs chiffrés gagneraient à connaître le LSS pour optimiser leur service et atteindre leur objectif. Force est de constater aujourd’hui que la méthode reste peu connue ce qui fait que la plupart des gens qui achètent le livre sont soit des étudiants, soit des consultants. J’espère que le bouche-à-oreille va changer ça, car, à mon sens, le Lean Six Sigma est à la portée de tous.

 

Donc pour toi, qu’est-ce qui pourrait convaincre la majorité des managers à adopter le LSS ? Peut-être se disent-ils que c’est encore une autre méthode « qualité » parmi tant d’autres, que personne dans son service ne voudra la mettre en place et que tout ceci ne sera que temps perdu finalement. Aussi, certains ont peut-être survolé la méthode sans jamais réellement la comprendre et sans saisir sa portée. Ton rôle est donc d’ouvrir ces personnes à responsabilité sur la pertinence du LSS dans leur profession ?

 

A mon sens ce qui pourrait convaincre les managers à se lancer dans la méthode ce serait l’accessibilité de la méthode. Ce à quoi mon livre s’attèle. Mais le premier levier qui amène les gens à s’intéresser à la méthode ce sont les projets qui rapportent beaucoup d’argent et dont ils entendent parler dans leur entourage. La plupart du temps, un seul projet bien réussi peut entraîner toute une entreprise à se lancer dans une démarche d’amélioration continue.

 

A mon sens, le Lean Six Sigma est à la portée de tous

 

 

6 ) Question étrange, mais intéressante : Peut-on utiliser la philosophie Lean-Six-Sigma dans sa vie quotidienne, en tant que particulier ?

 

Oui complètement ! Je m’étais d’ailleurs lancé dans un régime avec un projet Lean Six Sigma et j’en avais fait un article sur mon blog http://leansixsigma.free.fr/?p=70. J’avais également simulé un projet LSS pour devenir riche http://leansixsigma.free.fr/?p=175. Par la publication de ces deux articles, j’avais dans l’idée de rendre plus accessibles les concepts, mais il n’en demeure pas moins que ces exemples sont réels. La seule contrainte d’un projet LSS est de disposer d’un indicateur chiffré. Si cette contrainte est remplie, alors il est possible de lancer un projet LSS. Quand on parle de processus, on pense tout de suite au monde de l’entreprise, mais en fait, toute notre vie est une suite de processus. Alors, pourquoi ne pas optimiser nos processus du quotidien ? 😉

 

La plupart des gens, et c’est d’autant plus vrai pour des particuliers, ne savent pas trop quels objectifs ils visent lorsqu‘on y réfléchi bien. C’est un exercice difficile. Une grande partie des objectifs, si tant est qu’il y en a, restent assez vagues et peuvent difficilement être chiffrés. Que leur conseillerais-tu de faire pour passer au-delà de ce handicap ? Handicap qui peut bloquer tout le monde au démarrage…

 

C’est effectivement très compliqué. Je crois que le plus simple est de décomposer les objectifs en sous objectifs plus concrets. L’idée c’est de se donner une vision de ce que l’on souhaite atteindre, ensuite il s’agit simplement de décliner cette vision en objectifs concrets intermédiaires. L’erreur à mon sens est de rester sur une vision globale idéale sans jamais passer l’étape de la déclinaison en objectif opérationnel. Ces éléments sont largement repris dans La semaine de 4 heures et Stratégie de prospérité, deux livres très inspirants.

 

Toute notre vie est une suite de processus, alors pourquoi ne pas optimiser nos processus du quotidien ?

 

 

7 ) Ton livre paraît en format papier dans toute la France, après avoir été publié en format e-book depuis plusieurs mois. Pourquoi tenais-tu à le publier à l’ancienne ? Les atomes sont-ils des freins, comme on le dit à propos de la méthode Google, ou sont-ils un gage de qualité pour toi ?

 

Cette question me rappelle une interview de Daniel DARC où un journaliste lui demandait d’expliquer sa bisexualité. Le chanteur des Taxi Girl à l’époque avait répondu : pourquoi se priver de la moitié du monde ? Je répondrai de la même manière. Pour moi les deux supports ne sont, non pas antagonistes, mais complémentaires.

Je sais que certains de mes lecteurs ont lu mon livre sur leur iPhone, d’autres ont attendu la version papier pour l’acheter… Mon souhait est d’être le plus accessible possible, alors je propose les deux !

 

Donc il s’agit de combler les préférences « de support » de tout le monde ? Personnellement, j’aime beaucoup avoir un livre réel entre les mains. Aussi, si j’étais à ta place, le passage du numérique au format papier serait une vraie prise de conscience de la réalité de mon « oeuvre ». Cela te fait-il quelque chose ou est-ce juste un moyen d’étendre la portée de ton message ?

 

Non bien sûr que pour moi l’existence concrète du livre est très importante. Au-delà du simple support il est la preuve de la légitimité de mon ouvrage. Et je suis d’autant plus content lorsque je reçois comme aujourd’hui des mails des clients qui ont acheté le livre en prévente pour me dire qu’ils sont impressionnés par la qualité de l’édition. Au-delà du contenu j’ai réussi à offrir à mes lecteurs un bel outil. Pour moi c’est très valorisant.

 

Pour moi c’est très valorisant

 

 

8 ) Écrire un livre est une aventure en elle seule. Voulais-tu « changer de vie » en publiant une oeuvre à ton nom ? Une motivation émotionnelle plutôt que raisonnable t’a influencé ?

 

Ce livre, c’est neuf mois de travail… Le temps pour faire un bébé ! Donc oui c’est une aventure particulière. Je ne sais pas si ce livre est le résultat d’un souhait de changement de vie. Je dirais qu’il s’inscrit dans mon projet de vie. Pendant longtemps je me suis cherché. Je ne savais pas ce que je voulais faire dans les 10 ans à venir. Je me revois m’inventer des histoires pour me préparer à des entretiens d’embauche où la question revient systématiquement. Et puis il y a eu des lectures heureuses comme, « le strenght finder », « la semaine de 4 heures », « le cygne noir » etc. qui m’ont amené petit à petit à formaliser une vision plus précise de ce que je voulais être à terme. Cette vision s’est décomposée naturellement en objectifs très concrets comme la lecture de 50 livres et l’écriture d’un ouvrage tous les ans pendant les 10 prochaines années. Pour 2009, ces objectifs sont atteints, restera à savoir si je tiens la distance ! 😉

 

Ah, « La semaine de 4 heures » du très insolite Tim Ferriss, un livre qui a finalement influencé beaucoup de monde… « Le Cygne Noir » a eu aussi un grand impact sur ma façon de penser la stratégie. Tes meilleures lectures sont ces trois livres ou tu as eu d’autres grands coups de coeur ?

 

Oh oui beaucoup de coup de coeur… Le « Petit traité de la manipulation à l’usage des honnêtes gens » m’a permis de prendre conscience de la force de la théorie de l’engagement, « Comment se faire des amis » a totalement changé ma communication envers les autres, « La méthode » me chamboule le cerveau à chaque page, « La structure des révolutions scientifiques » m’a fait prendre conscience de la façon dont les changements de paradigme se mettent en place et le dernier en date « Punished by rewards » m’a amené à repenser totalement la façon dont j’éduquais mes enfants. Je pourrais en citer d’autres, mais là n’est pas l’essentiel, le plus important est de lire régulièrement, car c’est la façon la plus efficace de nous développer.

 

Je dirais qu’il s’inscrit dans mon projet de vie

 

 

9 ) Je suis impressionné par ta volonté d’aller jusqu’au bout. Comment as-tu trouvé le temps de travailler, de réfléchir et d’écrire en même temps ? Comment t’y prenais-tu pour te motiver semaine après semaine ? Il faut une discipline de fer pour mener à bien un projet de longue haleine tel qu’écrire et publier un livre !

 

Effectivement, c’est loin d’être simple. Et aujourd’hui que je lutte pour écrire le deuxième, je me remémore aisément les moments de solitude que j’ai connu l’année dernière. Je crois que le truc le plus simple pour aller de l’avant, c’est de prendre conscience de notre procrastination. Avoir conscience de l’inertie naturelle qui est en nous, de l’homéostasie de notre zone de confort, c’est vraiment le point crucial. À partir du moment où nous avons conscience de cela, alors le choix est simple : souhaitons-nous regarder les choses se faire ou souhaitons-nous faire les choses ? Cette question doit revenir chaque matin ! Et chaque matin il faut se donner les moyens de faire les choses plutôt que de se laisser aller. A l’inertie s’ajoute la difficulté d’écrire. Là encore, il faut s’y mettre à chaque occasion même si l’inspiration nous manque. C’est en écrivant que l’écriture vient. Chemin faisant comme diraient les systémiciens…! 😉

D’un point de vu pratique, je me lève à 6h30 tous les matins pour lire au moins 1h. Je me lève assez tôt le weekend pour avoir de longues plages horaires pour moi. Je ne regarde jamais la TV excepté les séries américaines comme true blood, breaking bad, flash forward, dexter…etc. que je regarde en VO pour maintenir mon anglais à niveau !

 

Je dois avouer que c’est une autodiscipline saisissante… Tu parlais de « La semaine de 4 heures » tout à l’heure, es-tu d’accord avec la « diète d’informations » prônée par l’auteur pour mieux vivre et avancer dans ses projets ? Ou conseilles-tu une autre méthode plus souple, que tu aurais expérimentée avec succès ?

 

Oui je suis d’accord avec la diète d’information même si c’est difficile de la pratiquer. Côté TV il n’y a pas de problème, mais pour les mails c’est plus difficile, j’ai du mal à m’en détacher, mais quand je passe à l’écriture la diète d’information est indispensable sinon rien ne sort, donc là il n’y a pas vraiment le choix… Là encore, il n’y a pas vraiment de méthode si ce n’est faire les choses et ne pas s’arrêter à y penser.

 

Souhaitons-nous regarder les choses se faire ou souhaitons-nous faire les choses ?

 

 

10 ) Enfin, quels sont tes projets futurs maintenant que tu as réussi à rendre ton livre disponible pour tous ?

 

Comme je le disais, je travaille déjà sur un deuxième livre. Ce sera la suite d’A la découverte du Lean Six Sigma et il portera sur la mise en oeuvre de l’organisation apprenante et s’appuiera sur les concepts de systémique. Comme je l’ai déjà dit, mon premier livre intègre déjà des notions de systémique, mais j’avoue que j’étais frustré de ne pouvoir m’étendre davantage sur le sujet. En y consacrant tout un livre, je pense que cette frustration disparaitra ! A côté de ça j’ai été sollicité par une consultante qui souhaitait coécrire un livre avec moi. Je travaille donc en parallèle sur le troisième tome de la saga. J’ai aussi quelques projets plus importants, mais je dois avancer dans la concrétisation pour pouvoir en parler plus précisément.

 

Un prochain livre plus axé sur la systémique ? Comme pour le LSS, la systémique est presque tout sauf démocratisée et intellectuellement accessible, il faut bien l’avouer ! Voudrais-tu devenir celui qui mettra à la portée de tous cette approche que je trouve si élégante et pratique ? Si la suite de « A la découverte du Lean Six Sigma » intégrera encore plus la systémique, c’est qu’elle a su te séduire autant que moi ? Ma fascination pour la systémique a commencé par hasard à la Fac… Mais toi Florent, pourquoi t’es-tu penché sur la question ? Penses-tu que beaucoup seront intéressés par ses applications, d’une étendue étourdissante ?

 

Je ne sais pas si je serai le prochain évangile de la systémique, ce qui est sûr c’est que côté pédagogie et accessibilité je ferai mieux que les très excellents Edgar Morin et Jean-Louis Le Moigne, je m’y engage, quitte à dire quelques bêtises au milieu de mes énoncés ! C’est également lors de mon cursus scolaire que j’ai été amené à me pencher sur la systémique. Ensuite je l’ai utilisé en entreprise. Quand j’ai vu le franc succès que ma modélisation a rencontré, je me suis dit que je ne lâcherai pas de si tôt cette si belle discipline. Aujourd’hui c’est toute ma vision du monde qui se transforme sous le filtre de la systémique, c’est assez grisant de se retrouver d’un coup muni d’une arme de perception aussi puissante.

 

Aujourd’hui c’est toute ma vision du monde qui se transforme sous le filtre de la systémique

 

Merci encore Alexandre pour cet entretien des plus intéressants !

Merci à toi Florent, c’était très instructif d’avoir ton point de vue sur ces sujets !

 

Si le livre de Florent vous intéresse, vous pouvez vous le procurer sur le site http://www.a-la-decouverte-du-lean-six-sigma.fr


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Pour lire Le Cygne Noir (Partie 1), cliquez ici

Ah, la tour Eiffel… Un monument vraiment insolite quand on y réfléchit bien. Je ne l’avais pas visitée depuis mon enfance !

Je rejoignis N.N. au premier étage, comme nous l’avions prévu la veille. Linh m’accompagnait, car elle voulait absolument rencontrer mon mystérieux contact de l’aéroport. Je fis les présentations, et nous nous installâmes à côté de la barrière pour pouvoir admirer le paysage. Le vent était assez fort mais nous arrivions tout de même à nous entendre.

« Tony n’est pas là aujourd’hui ? » demandais-je à N.N.

« Ah non il ne sera pas là, il m’aide à préparer quelque chose d’important pour une prochaine visite en France. J’ai absolument voulu voir la tour Eiffel avant de partir, car je dois malheureusement quitter Paris demain matin par le premier avion. »

J’étais déçu par cette annonce. Peut être que j’espérais intérieurement qu’il reste beaucoup plus longtemps, même si c’était impossible.

« Alex, j’ai été ravi de te rencontrer ce soir dernier à l’aéroport, nos discussions étaient réellement intéressantes. Je te parlais d’un sujet qui me tenait à cœur et sur lequel je réfléchis depuis longtemps. Je vais essayer de t’en dire un peu plus maintenant, pour que tu puisses y réfléchir profondément à ton tour. Mais je ne pourrais pas tout te dire, tu dois découvrir certaines choses tout seul : « Rien de ce qui mérite d’être appris ne doit être directement enseigné ». »

« Rien de ce qui mérite d’être appris ne doit être directement enseigné »

Linh le regardait intensément, elle réfléchissait sûrement au sens de ses paroles. Quant à moi, je me demandais encore ce je que faisais là, comme en apprentissage, avec un homme qui me connaît à peine.

N.N. interrompit mes pensées :

« Hier, quand tu t’es présenté brièvement à Tony et à moi, tu nous a dis que tu étais entrepreneur n’est ce pas ? »

« Oui c’est vrai. Je travaille pour les autres dans les services, comme systémicien. »

« Systémicien, c’est celui qui est à l’étude des systèmes c’est bien ça ? »

« Oui, c’est bien ça pourquoi ? »

« Parce que tu vas alors sûrement saisir toutes les implications de ce que je vais, brièvement, te dire. Ton amie Linh sera aussi très intéressée, j’en suis sûr.

Pour vous, comment est le monde, en comparaison avec la pensée ? »

Pour vous, comment est le monde, en comparaison avec la pensée ?

J’étais encore surpris par sa question, un peu déconcertante. Linh répondit avant moi :

« Le monde est concret, réel, si on me passe cette évidence, dit-elle avec un petit sourire en coin. Et notre pensée est un modèle, une représentation approximative. »

« Bien, répondis N.N., très bien même ! Elle est douée ton amie me dit-il avec un clin d’œil.

En fait, l’homme est fait, neurologiquement je veux dire, pour se représenter le monde. Nous dressons une carte  mentale du territoire du réel. Une carte plus ou moins détaillée, plus ou moins exacte, et aussi et surtout, qui s’appuie sur notre expérience du monde. C’est comme si on conduisait en regardant toujours dans le rétroviseur. Et c’est là que se rejoignent tous les biais mentaux que je t’ai cité jusqu’à maintenant : l’erreur ludique, le problème de l’induction, la grande difficulté de penser à l’Extrêmistan et à l’existence des Cygnes Noirs…

Le monde est complexe, de plus en plus complexe même. Et nous avons des schémas mentaux limités, qui ne peuvent pas tout maîtriser, même si on l’aimerait beaucoup. Et une fois accepté ce fait, tout devient beaucoup plus facile ! Savez-vous ou je veux en venir, surtout toi, le systémicien ? » Il m’interrogeait du regard.

Nous dressons une carte mentale du territoire du réel.

Je réfléchis quelques secondes et lui donnais ma réponse :

« Je sais ce que tu veux dire, j’ai réfléchi à tout ça le soir où tu m’as parlé des Cygnes Noirs. En fait il ne sert à rien de les prévoir, il faut juste prévoir leurs conséquences possibles. Pour les Cygnes Noirs négatifs, c’est un peu le principe des assurances : j’ai peu de chance de tomber sur une grosse « tuile » (même si ce n’est qu’une chance sur un million), mais si cela me tombe dessus je suis vraiment très mal… Il y a beaucoup de Cygnes Noirs négatifs différents, mais leurs conséquences sur notre vie, elles, se rejoignent beaucoup. C’est contre les conséquences néfastes que je peux surtout me protéger, pas contre les Cygnes Noirs négatifs en eux-mêmes, que je ne peux pas prévoir… »

C’est contre les conséquences néfastes que je peux surtout me protéger, pas contre les Cygnes Noirs négatifs en eux-mêmes, que je ne peux pas prévoir…

N.N. paru agréablement surpris, ma réflexion le soir de l’hôtel n’a donc pas été vaine.

« Eh bien bravo, tu as compris quelque chose de vraiment capital. Si tu as déjà déduis cela de tes réflexions, tu vas aimer la suite. Pour toi, qu’en est-il des Cygnes Noirs positifs ? »

Linh était concentrée sur la conversation, et elle semblait vraiment apprécier l’échange que j’avais avec N.N. Je répondis :

« Les Cygnes Noirs positifs ne peuvent pas être prévu non plus. En tout cas dans le détail. »

Les Cygnes Noirs positifs ne peuvent pas être prévu non plus. En tout cas dans le détail.

« Exact, et c’est pour ça que je t’ai redemandé si tu étais entrepreneur. Sais-tu pourquoi ? »

« Un bon entrepreneur sait tirer partie des Cygnes Noirs positifs ? »

« Oui. Il sait en tirer partie parce qu’il sait provoquer sa chance. Il essaye beaucoup de choses différentes pour arriver à ses fins. En se trompant souvent bien sûr, mais en essayant de nouvelles choses plus souvent qu’il ne se trompe.  Sans forcément être entrepreneur, une personne qui a réussit est une personne qui a eu de la chance en tirant le bon numéro. Et cette heureuse personne aura utilisé cette technique étrange, mais simple en soi : elle a su tirer beaucoup de numéros différents, tout en apprenant de chacun d’eux.

Aussi, nous ne pouvons pas prévoir les Cygnes Noirs positifs, mais nous pouvons en prévoir les conséquences positives sur notre vie. De la même manière qu’il faut se protéger des conséquences des Cygnes Noirs négatifs, il faut tout autant être ouvert et préparé aux conséquences des Cygnes Noirs positifs. Savoir les provoquer, les chercher, tirer le plus possible de billets de loto gratuits en quelque sorte. On gagne rarement, mais quand c’est le cas… » Il fit un silence d’une dizaine de secondes, puis ajouta :

« Savez-vous ce qu’est la sérendipité ? »

Une personne qui réussit est une personne qui a eu de la chance, en tirant le bon numéro, mais qui a su tirer beaucoup de numéros différents.

Ce terme me disait quelque chose.

« C’est le principe de découverte fortuite non ? »

« C’est ça, répondit-il. Le terme sérendipité désigne un phénomène : trouver quelque chose d’intéressant mais de façon totalement imprévue, en cherchant autre chose, voire rien de particulier. On cite souvent des découvertes très importantes sont faites tout à fait par hasard : la découverte de la radioactivité, la découverte de pénicilline, la découverte de l’Amérique etc. Selon la phrase célèbre de Pasteur, « le hasard favorise l’esprit préparé ». Mais tout ceci revient à la même conclusion : il faut être ouvert aux Cygnes Noirs positifs car on ne peut pas les prévoir. Alors on favorise leur apparition en espérant, en cherchant où ils se cachent, et surtout, en étant préparé à recevoir ce qu’ils nous donnent. Si l’on ne rencontre pas des personnes extérieures à notre domaine de compétence, on aura plus de mal à innover ; si l’on n’écrit pas de livre, on ne sera jamais un auteur à succès ; si l’on ne trouve pas de nouvelles façon d’agir, on ne révolutionnera jamais son entreprise, ou la société en général d’ailleurs… »

Le terme de sérendipité désigne un phénomène : trouver quelque chose d’intéressant mais de façon totalement imprévue, en cherchant autre chose, voire rien de particulier.

Linh intervint :

« Donc en fait, une personne qui réussit c’est quelqu’un :

1) qui sait que sa carte mentale n’est toujours qu’approximative et incomplète ;

2) qui se protège des pires conséquences des éventuels Cygnes Noirs négatifs ;

3) et enfin qui recherche activement et est toujours bien préparé aux conséquences des Cygnes Noirs positifs.

C’est bien ça ? »

N.N. acquiesça d’un hochement de la tête, un grand sourire se dessinait sur ses lèvres. L’essentiel avait été dit. Tirer le maximum de billets de loto gratuits, cette phrase me restait encore dans la tête. C’est une  image vraiment parlante.

Tirer le maximum de billets de loto gratuits, cette phrase me restait encore dans la tête.

Il y avait moins de bruit à présent. Le vent soufflait doucement sur mon visage, alors que je méditais sur tout ceci. N.N. devait partir, et nous a remercié pour ces agréables moments d’échanges. Il reviendrait dans quelques temps pour faire une conférence sur le Cygne Noir. Le thème de son ouvrage. Il m’expliqua qui il était vraiment avant de partir.

Je le reverrai sûrement. En attendant, je réfléchirai soigneusement à tout ce qu’il m’a déjà dit, même si c’était peu par rapport à tout ce qu’il savait, j’en étais persuadé.

Nous n’étions plus que nous deux, Linh et moi, au premier étage de la tour Eiffel, la vue imprenable sur Paris.

« Linh, je vais mieux faire ce que j’aime dans la vie : apprendre et communiquer. Je vais commencer mon livre, depuis le temps que je t’en parle, l’heure est venue à présent. »

Elle me regarda avec un ses yeux intenses et son grand sourire :

« C’est vrai ? Alors je t’encourage à 100 % ! J’ai hâte de le lire ! Si ça se trouve, ton livre sera comme cette tour Eiffel… »

« Comme la tour Eiffel ? »

« Oui, elle a été construite pour l’exposition universelle, et bien peu de gens avaient l’intention de la laisser debout. Mais le hasard, la récente découverte des ondes radio je crois bien, a permit son immortalité. Et nous sommes dessus aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard ! Tu vas donc toi aussi provoquer tes propres Cygnes Noirs Positifs, n’est-ce-pas Alex ? »

Merci Linh, tu as raison. Il est temps de tirer les numéros gagnants…

Sources :

  • Nassim Nicholas Taleb, “Le Cygne Noir, la puissance de l’imprévisible”, Les Belles Lettres
  • Nassim Nicholas Taleb, “Le hasard sauvage”, Les Belles Lettres

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Mon bagage à la main, j’attendais mon amie au abord d’un parc, en face d’une immense grille. J’étais songeur. La soirée de la veille me laissait comme une impression de songe, d’irréel. Le coup de l’avion annulé et mon voyage interrompu en plein transit, l’homme étrange que j’ai rencontré juste après, suivit par la soirée très instructive que j’ai eu avec lui et qui s’est terminée par ma longue réflexion nocturne sur l’existence des Cygnes Noirs. Tout cela s’est passé si vite ! Maintenant, quand je repense à cette soirée d’hier, je ressens autre chose peu à peu : tout est logique… a posteriori.

Mon amie arriva. Elle descendit du bus, et me fit un sourire radieux, comme je l’ai toujours vu faire avec les gens depuis que je la connais.

Le coup de l’avion annulé et mon voyage interrompu en plein transit, l’homme étrange que j’ai rencontré juste après, suivit par la soirée très instructive que j’ai eu avec lui et qui s’est terminée par ma longue réflexion nocturne sur l’existence des Cygnes Noirs.

« Coucou Alex ! Je suis contente de te revoir, ça fait tellement longtemps pas vrai ? »

« Salut Linh ! Merci de m’accueillir quelques jours, ça me rend vraiment service. »

« Oh hé, tu sais bien que tu es le bienvenu, depuis le temps que je t’invite à venir à Paris, tu en as au moins l’occasion avec ton histoire ! » Elle termina sa phrase par un clin d’œil.

Je n’avais eu le temps que de lui en toucher quelques mots au téléphone la veille au soir. Il était tard et je ne pouvais pas lui donner tous les détails, mais je savais que je pouvais compter sur elle, elle sait s’organiser en un temps record…

Il était déjà 17h45. J’avais également passé un coup de fil au fameux N.N., pour lui confirmer que je resterai sur Paris quelques jours. Il semblait plutôt content que l’on puisse se revoir, bien que je ne sache pas réellement pourquoi finalement… Nous nous verrons donc demain dans un café, avec un de ses amis d’après ce que j’avais compris.

Nous étions arrivé chez elle en 5 minutes. Après avoir raconté en détail ce qui s’était passé la veille, Linh sembla songeuse. Aussitôt après, elle chercha une de ses affaires sur son étagère. Je remarquai qu’elle avait pris un grand soin pour décorer son appartement : tout était mis en valeur avec des couleurs bien assorties entre elles, des dessins accrochés aux murs, des lampes de toutes sortes, des fleurs… Tout était beaux et simple à la fois. Agréablement simple.

« Voilà je l’ai trouvé » s’exclama-t-elle tout à coup.

Elle me montra un livre, mais le titre était incompréhensible. Je me fais toujours avoir, le vietnamien s’écrit avec un alphabet comme le nôtre, latin, mais avec des accents supplémentaires. Et à chaque fois j’ai le réflexe d’essayer de déchiffrer ce qui est de toute façon incompréhensible pour moi.

Linh détecta immédiatement mon désarroi et vint à ma rescousse :

« C’est L’art de la guerre, de Sun Tzu. Un livre que j’adore. Hé, ça te dirait d’aller au parc de Sceaux ? »

« Là, maintenant ? Mais on vient d’arri… »

Elle rit et ne me laissa pas finir ma phrase :

« Ah oui mais moi j’ai besoin de prendre un peu l’air pour me détendre, on est à Paris ici Alex, ce n’est pas tout le temps l’ambiance de la côte d’azur ! Et tu vas voir, ça vaut le coup c’est un très beau parc. »

Elle avait raison, c’était effectivement un très beau parc, juste à côté de chez elle en plus. C’était celui devant lequel j’attendais tout à l’heure. Nous marchions au bord du bassin, tout en discutant. Elle avait emmené son livre sur L’art de la guerre.

C’est L’art de la guerre, de Sun Tzu. Un livre que j’adore.

« Ah Alex, c’est ce que je cherchais pour toi, écoute voir ce passage : « Ne répétez pas la tactique qui vous a apporté la victoire, mais gardez les méthodes pour les adapter à l’infinie variété de circonstances. » Et il y a aussi ceux là : « L’eau construit sa course en fonction de la nature et du terrain sur lequel elle coule » ; « Tout comme l’eau n’a pas de forme constante l’art de la guerre n’est pas fixe » ; « Celui qui peut modifier sa tactique en fonction de son ennemi et gagner la bataille est le chef divin » ; « Les cinq éléments (l’eau, le feu, le bois, le métal, la terre) ne sont pas répartis en cinq parts égales. Aucune des quatre saisons ne dure toujours. Certains jours sont longs, d’autres courts. La lune se cache et brille. Ces lois sont aussi celles de la guerre. »

Tu vois ce livre a été écrit il y a 2500 ans, par un général très respecté de son époque. Mais cette manière de voir, même s’il elle s’applique à la guerre, correspond beaucoup à ce qu’à voulu te dire l’homme que tu as rencontré hier je trouve. Non, tu n’es pas d’accord ? »

« Ne répétez pas la tactique qui vous a apporté la victoire, mais gardez les méthodes pour les adapter à l’infinie variété de circonstances. »

Il y avait effectivement une ressemblance. Les entreprises guerrières étaient l’application réelle du savoir humain en matière de stratégie. Bien que la finalité de ces entreprises soit contestable, le savoir guerrier fut l’incarnation même de l’incertitude, de l’imprévisible à grande échelle : « s’adapter à l’infinie variété des circonstances », ces mots raisonnaient dans ma tête comme dans une caisse de résonance. Les Cygnes Noirs sont les incarnations même de l’imprévisible, ceux qui font toute la différence. Le génie militaire de l’époque conseillait de s’adapter, comme l’eau s’adapte au terrain. Pour pouvoir maîtriser l’impact des Cygnes Noirs, il faut un fort taux d’adaptation. Mais aussi, l’adaptation ça se prépare, ça se travaille, durant les périodes de « calme ».

Le soleil était très bas dans le ciel, c’était le moment de rentrer. Nous reparlerions de tout ça plus tard… Linh avait plein d’autres choses à me raconter depuis le temps.

Pour pouvoir maîtriser l’impact des Cygnes Noirs, il faut un fort taux d’adaptation.

Le lendemain, en fin de matinée, j’arrivai dans le café ou N.N. et moi avions rendez-vous. Il était déjà là.

« Ah, je suis content de te voir Alex. Ta journée d’hier s’est bien passée ? Tiens, je te présente mon ami, Tony, qui est sur Paris depuis quelques temps déjà. »

Je saluai N.N. et Tony. Son ami Tony avait l’air aussi jovial que lui, il me salua avec chaleur.

N.N. enchaîna aussitôt :

« J’ai expliqué à Tony pourquoi tu étais là, l’intérêt que tu as accordé aux idées dont on a parlé avant-hier. Il accepte volontiers que l’on parle tous ensemble. »

Tony ajouta :

« Ça ne pourra qu’être profitable pour tout le monde ! Et puis ça me fait plaisir de revoir mon ami dans le sujet qui le passionne le plus. »

Tony se présenta de manière anarchique mais très agréable à écouter, comme une histoire à rebondissement. J’appris que Tony était un professionnel indépendant, spécialisé dans le dénichage des bonnes affaires. Après avoir travaillé plusieurs années dans une grande banque, il quitta le navire et se mis à travailler comme il l’entendait. Il savait trouver les bonnes affaires, car il avait un très bon sens pratique, et une parfaite connaissance de la machinerie financière et de ce qu’aime voir sur un dossier un professionnel en investissement lorsqu’on monte une affaire ! Il avait également une très bonne connaissance de la psychologie humaine. Dès que j’eus fini de me présenter, moi ainsi que mon travail, et que j’eus commencé à exprimer devant eux mon intérêt pour le concept d’incertitude, N.N. me demanda d’essayer un petit exercice :

« Vous devez répondre tous les deux. J’ai ici une pièce de monnaie, bien équilibrée sur chaque face. Je la lance 99 fois, et 99 fois elle est tombée sur pile. Quelles sont les chances qu’elle tombe sur face lors de mon centième lancer ? »

« Facile N.N., répondis-je aussitôt, elle a 50% de chance de tomber sur face, puisqu’il n’y a pas d’influence des précédents lancers sur le centième résultat. Chaque lancer est indépendant des autres et donc il y a une chance sur deux qu’elle tombe sur pile et une chance sur deux qu’elle tombe sur face. C’est des probabilités de niveau secondaire ! »

J’ai ici une pièce de monnaie, bien équilibrée sur chaque face. Je la lance 99 fois, et 99 fois elle est tombée sur pile. Quelles sont les chances qu’elle tombe sur face lors de mon centième lancer ?

Tony était en train de réfléchir intensément, puis s’exprima juste après moi en se tournant vers son ami :

« Moi je suis quasiment sûr qu’elle tombera encore sur pile, et il y a presque aucune chance qu’elle tombe sur face justement. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais c’est des âneries ton histoire de pièce équilibrée. Elle est tombée 99 fois sur pile lors de 99 lancers ! La probabilité que ta pièce soit faussée malgré tes bonnes paroles est beaucoup plus forte que d’avoir 99 piles sur 99 lancers consécutifs. »

La probabilité que ta pièce soit faussée malgré tes bonnes paroles est beaucoup plus forte que d’avoir 99 piles sur 99 lancers consécutifs.

N.N. sourit :

« Tu as raison Tony, ma pièce a toute les chances d’être déséquilibrée, en tout cas bien plus que de chances d’avoir cette suite rien que par le hasard…

Tu vois Alex, c’est un exemple type de précipitation que les gens font, surtout lorsque ce sont des spécialistes dans un domaine. On nous présente un problème, ce problème ressemble à des exercices théoriques que l’on a appris, et nous nous empressons d’utiliser les outils que nous connaissons pour les résoudre. Même si ce n’est pas du tout adapté à la situation. Appliquer des exercices théoriques dans le réel, c’est ce que j’appelle l’erreur ludique, celle que l’on commet lorsque l’on fait trop confiance aux énoncés, tu vois ce que je veux dire… »

J’ai pris au pied de la lettre la définition du problème faite par N.N. : la pièce était soi-disant parfaitement équilibrée. J’étais un peu gêné de m’être jeté sur une réponse évidente, cela ne me ressemble pas d’habitude, mais cela signifiait que j’avais encore des choses à apprendre. L’énoncé était simple, je connaissais la réponse, je me suis précipité pour répondre. Un non spécialiste des probabilités et des statistiques aurait certainement plus réfléchi que moi à la question, puisqu’il ne connaissait pas de réponse toute faite. Ça doit être ça le problème du spécialiste et de l’erreur ludique dont parle N.N.

Appliquer des exercices théoriques dans le réel, c’est ce que j’appelle l’erreur ludique, celle que l’on commet lorsque l’on fait trop confiance aux énoncés.

Nous continuâmes à parler pendant une bonne heure de l’erreur ludique, et nous nous sommes mis d’accord pour se revoir le lendemain pour aller plus loin : la psychologie humaine et son rapport à l’incertitude. J’en saurai plus sur la relation entre le problème des spécialistes, de l’erreur ludique et des Cygnes Noirs. Et d’après ce que j’ai compris, j’apprendrai à mieux utiliser l’incertitude à mon avantage. A voir… J’étais impatient d’en connaître un peu plus mais ils devaient partir tous les deux durant l’après-midi. J’en saurai plus demain.

La fin d’après midi approcha, et après avoir visité Paris au hasard, je rejoignis Linh à l’arrêt où elle descendait. Nous allâmes directement au Parc de Sceaux. J’en profitai pour lui raconter ce que j’avais appris à mes dépends lors de ma conversation avec N.N. et Tony. Elle semblait amusée par ce que je lui racontait. Elle aime beaucoup être stimulé intellectuellement, elle a besoin de ça. C’est une des raisons pour laquelle je l’apprécie je pense.

Après avoir écouté attentivement ce que je lui rapportais, elle alla s’asseoir dans l’herbe au soleil et me fit signe d’en faire autant.

« Alex, j’ai une énigme pour toi, que j’ai entendue quand j’étais petite. Concentre-toi d’accord ? »

J’acquiesçais, et elle poursuivit :

« Tu approches d’une plage, et là tu aperçois deux arches de pierres qui sortent de l’eau. Tu vas voir d’un peu plus près car cela t’intrigue. Et à ce moment là deux dragons des mers sortent de l’eau, un rouge et un bleu. Tu es impressionné par leur grandeur, et tu es effrayé. Tout à coup le dragon bleu se met à parler d’une voix forte et tonnante : « Bonjour étranger, nous sommes les gardiens des deux portes. L’un de nous garde la bonne porte, celle du paradis, et il dit toujours la vérité à propos de sa porte. » Le dragon rouge poursuivi avec la même voix grondante : « Et inversement, l’un de nous garde la mauvaise porte, celle de l’enfer, et lui ne dit jamais la vérité à propos de sa porte. » Le dragon bleu ajouta : « Tu peux nous demander quelque chose, mais tu n’auras qu’une seule réponse. » Et enfin le dragon rouge finit : « Un seul de nous deux te répondra, ne l’oublie pas… A toi de faire le bon choix. »

Tu vois alors que les deux dragons sont chacun devant une des portes de pierre. Que vas-tu faire pour trouver quelle porte est bonne ou mauvaise ? Vas-y Alex je t’écoute, c’est à toi. »

Deux dragons des mers sortent de l’eau, un rouge et un bleu.

« Linh, tu n’as pas de chance, je connais déjà cette énigme ! Sauf que quand je l’ai entendue, ce n’était pas des dragons mais deux anges dans un labyrinthe. »

Ses yeux me fixaient intensément. De jolis yeux en amande, qui restaient toujours mystérieux quand j’essayais de lire à l’intérieur. Elle attendait que je poursuive.

« Voilà, si je demande au dragon qui ment tout le temps s’il garde la bonne porte il me répondra oui, puisqu’il garde la mauvaise et qu’il ment. De la même manière, si je demande au dragon qui dit toujours la vérité s’il garde la bonne porte, il me répondra oui également, puisqu’il garde vraiment la bonne porte. Je suis bloqué, il diront oui tous les deux et je ne pourrai pas les différencier. Je n’ai le droit qu’à une seule réponse de l’un d’entre eux en plus !

Alors Linh, ce que je vais faire c’est demander à l’un d’entre eux, au hasard, d’aller voir l’autre dragon et de lui demander s’il garde la bonne porte, et de revenir me dire quelle a été sa réponse. Et ça va m’indiquer lequel est le bon, regarde les deux cas de figure :

1) Si celui que je vais voir est le bon, alors il ira lui même voir le mauvais, et lui demandera s’il est le bon dragon. Le mauvais dragon va alors mentir en répondant, il va dire oui. Le bon dragon va me rapporter sa réponse en disant la vérité : « Il a dit oui. »

2) Si celui que je vais voir est le mauvais, alors il ira lui même voir le bon, et lui demandera s’il est le bon dragon. Le bon dragon va dire la vérité en répondant, il va dire oui. Le mauvais dragon va me rapporter sa réponse, en mentant sur sa réponse : « Il a dit non. »


Alors, ce que je vais faire c’est demander à l’un d’entre eux, au hasard, d’aller voir l’autre dragon et de lui demander s’il garde la bonne porte, et de revenir me dire quelle a été sa réponse.

J’ai donc ma réponse : si celui qui me répond dit « Il a dit oui », c’est le dragon de la bonne porte, et s’il me dit « Il a dit non », c’est le dragon de la mauvaise porte.

Voilà la solution. Mais j’avoue que je connaissais déjà la réponse, comme je te l’ai dit, alors c’était vraiment plus simple pour moi. »

Linh sourit, puis m’annonça :

« C’est ingénieux comme système Alex, mais malheureusement tu as des chances de prendre la mauvaise porte. Repense à ce que t’as dit N.N. ce matin. »

Je ne comprenais pas sur le coup, j’étais sûr de cette astuce pour les dragons, elle était incontestable…

C’est ingénieux comme système, mais malheureusement tu as des chances de prendre la mauvaise porte. Repense à ce que t’as dit N.N. ce matin.

Linh intervint pour m’aider à voir où était le problème :

« Alex, réfléchis à l’énoncé du problème, comme tu me l’as expliqué avec la pièce équilibrée qui ne l’était pas. »

Je compris alors tout à coup ma grossière erreur : les dragons m’ont tous les deux fait l’énoncé du problème. L’un ne pouvait pas toujours dire la vérité et l’autre mentir, ils ne se seraient pas mis d’accord sur l’énoncé cohérent des règles.

Je compris alors tout d’un coup ma grossière erreur : les dragons m’ont tous les deux fait l’énoncé du problème. L’un ne pouvait pas toujours dire la vérité et l’autre mentir, ils ne se seraient pas mis d’accord sur l’énoncé cohérent des règles.

« Linh, dis-moi, ils mentaient tous les deux dès le début c’est ça ? »

« C’est possible, en tout cas tu ne peux rien tirer de ce qu’ils t’ont dit, tout est du vent. Les deux portes auraient pu être mauvaises et avec ton système alambiqué tu aurais subit une grosse désillusion. » Elle regarda le soleil couchant quelques secondes et ajouta : « En fait, tu aurais alors subit un Cygne Noir négatif parce que tu faisais trop confiance à l’énoncé du problème et à une solution que tu connaissais déjà… »

En fait, tu aurais alors subit un Cygne Noir négatif parce que tu faisais trop confiance à l’énoncé du problème et à une solution que tu connaissais déjà…

Elle me regarda avec un grand sourire compatissant. Merci Linh, tu viens de me donner une bonne leçon.

Décidément, l’ombre de la systémique est présente partout. J’ai considéré le système comme limité par l’énoncé, mais l’énoncé faisait lui-même partie du système, et donc du problème posé. Il fallait penser de manière plus large, et ma propre éducation et mes automatismes inconscients se sont retournés contre moi… Serais-je donc mon pire ennemi sans m’en apercevoir ?

Je lui rendis son sourire complice… J’ai beaucoup appris aujourd’hui. A partir de maintenant, rien ne sera considéré pour acquis. Rien.

Vivement demain N.N., j’ai encore beaucoup à faire !

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J’ouvris la porte de ma chambre d’hôtel. En fait, je ne regrettai vraiment pas de devoir rester ici ce soir, le cadre était magnifique : la chambre et le lit étaient spacieux, la décoration de bon goût (enfin pour moi), et il y avait même un mini-bar déjà rempli de boissons en tout genre.

Je posai mon sac sur mon lit, m’assis à côté et réfléchis en silence. Pourquoi cet inconnu étrange a-t-il utilisé l’expression « cygne noir » ? Je n’aime pas ne pas comprendre, cela paraît banal comme attitude mais chez moi c’est peut être un peu trop poussé à l’extrême…

Il était 21h moins cinq. Il était temps que je descende rejoindre N.N. au réfectoire de l’hôtel.

 

Pourquoi cet inconnu étrange a-t-il utilisé l’expression « cygne noir » ?

 

Je le vis en train de se servir en entrées au buffet, puis se rasseoir à sa table, seul. Je me servis également. Nous n’étions pas nombreux, seules quelques familles du minibus qui provenait de l’aéroport étaient descendues manger un morceau.

 

Je le rejoignis : « Je peux manger avec vous ? »

« N’oublies pas de me tutoyer…  et bien sûr que l’on peux manger ensemble, sinon je ne t’aurais pas invité à me rejoindre tout à l’heure ! »

Évidemment, ma question était idiote mais bon…

 

Je m’assis, et poursuivis avec une pointe d’hésitation dans la voix : « Euh, j’ai une quest… »

Il m’interrompit : « Je sais, tu veux savoir ce que je voulais dire par « Cygne Noir ». Je vais te répondre avec plaisir. Le Cygne Noir est en quelque sorte ma spécialité et mon principal centre d’intérêt de ces dernières années. »

« Tu ne m’avais pas dit que c’était l’Extrêmistan ta spécialité ? »

« Ça l’est ! Les notions de Cygne Noir et d’Extrêmistan se rejoignent. Mais je ne vais pas te répondre directement, tu vas devoir faire un effort dans ce sens si tu veux bien. »

 

Les notions de Cygne Noir et d’Extrêmistan se rejoignent.

 

Ah un défi, au moins je ne vais pas m’ennuyer : « Vas-y je t’écoute N.N. »

« Connais-tu le problème de l’induction ? »

« De l’induction ? En science tu veux dire ? »

« C’est ça, de l’induction scientifique. Par exemple, comment ferais-tu pour prouver que tous les cygnes sont blancs ? »

 

L’induction scientifique. Par exemple, comment ferais-tu pour prouver que tous les cygnes sont blancs ?

 

« Je ferais une observation de tous les cygnes que je croise. Mais ça serait facile. Même une observation rigoureuse serait simple à faire. J’observe un cygne, je note sa couleur, et ceci répété sur un grand nombre de cygnes, un grand échantillon pour qu’il soit représentatif. S’il sont tous blancs, alors il y a de fortes chances pour que l’ensemble de la population des cygnes soit blanche. C’est à ça que sert l’induction : je fais des observations et j’en induis les règles générales. Je n’ai observé que des cygnes blancs jusqu’à aujourd’hui, j’en induis que tous les cygnes sont blancs. »

« Mais il y a un petit problème… Alex, tu vois où ? »

 

C’est à ça que sert l’induction : je fais des observations et j’en induis les règles générales. Je n’ai observé que des cygnes blancs jusqu’à aujourd’hui, j’en induis que tous les cygnes sont blancs.

 

Je réfléchissais en même temps que je parlais : « Euh, en fait, oui, il y a un petit bémol. J’en ai induis une règle générale, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit vraie à 100%. Rien ne me prouve que tous les cygnes, sans exception soient blancs. Je ne peux pas observer tous les cygnes de la Terre, et donc, je ne peux pas avoir une règle sûre… »

« Voilà le problème de l’induction. Tu as observé des cygnes qui étaient tous blancs, et tu en as induis la règle générale : « tous les cygnes sont blancs ». Or ce n’est pas une bonne règle, la bonne serait : « tous les cygnes semblent être blancs, jusqu’à preuve du contraire ». Un jour, tu rencontreras un cygne noir, très rare, qui te fera réviser ta théorie… En réalité, tu ne peux pas prouver que quelque chose et vrai dans une théorie, tu peux seulement prouver qu’elle est fausse. »

 

Or ce n’est pas une bonne règle, la bonne serait : « tous les cygnes semblent être blancs, jusqu’à preuve du contraire ». Un jour, tu rencontreras un cygne noir, très rare, qui te fera réviser ta théorie…

 

« D’où l’attitude des sceptiques pour les théories… »

« Exactement. Tu as pris du poulet là non ? »

« Oui, pourquoi tu me demandes ça ? »

« Tout simplement parce que le poulet qui est dans ton assiette s’y connaît sûrement mieux en Cygne Noir que toi, je me trompe ? »

 

Je regardai mon assiette et m’interrogeai sur ce qu’il venait de me dire. Ce poulet ne devait plus savoir grand-chose dans l’état où il était…

Je relevai brusquement la tête vers mon interlocuteur : « Que veux-tu dire ? »

« Imagine que notre malheureux poulet ai vécu mille et un jours en tout. Qu’a-t-il pensé des humains et de sa vie en général durant les mille premiers jours ? »

« Eh bien je suppose qu’il devait trouver les humains très sympathiques, et pour cause, ils lui donnaient à manger à profusion tous les jours. Il devait même se sentir de plus en plus en sécurité au fil du temps, car ce comportement généreux se répétait chaque jour, mille fois de suite. Pour faire le rapprochement avec le problème des cygnes blancs et de l’induction, c’est comme s’il avait observé que des cygnes blancs pendant mille jours, et qu’il en induisait que tous les cygnes sont et seront blancs. »

 

Il devait même se sentir de plus en plus en sécurité au fil du temps, car ce comportement généreux se répétait chaque jour, mille fois de suite.

 

Il intervint dans mon raisonnement : « Oui, et jusqu’à ce que ? »

« Jusqu’à ce que le mille et unième jour, contre toute attente de sa part, le sympathique humain l’abatte pour le manger ou le vendre comme nourriture. C’est le Cygne Noir, celui qui détruit une théorie de toute une vie, c’est bien ça N.N. ? »

« Tu as compris. Tu remarqueras d’ailleurs l’ironie de la situation : c’est quand le poulet était le plus sûr du comportement sympathique des humains, le mille et unième jour, après milles observations identiques, que tout s’écroule, et de manière radicale. »

 

Jusqu’à ce que le mille et unième jour, contre toute attente de sa part, le sympathique humain l’abatte. C’est le Cygne Noir, celui qui détruit une théorie de toute une vie.

 

Je jetai un œil vers mon assiette, et je me surpris presque à éprouver de la pitié pour mon infortuné dîner. C’est vrai, il ne méritait pas un tel… Cygne Noir.

 

Il interrompis mes pensées : « Si tu savais à quel point les humains sont touchés par les Cygnes Noirs, tu serais surpris. Malheureusement, le cerveau humain n’est pas fait pour les voir et les comprendre. On ignore les Cygnes Noirs, purement et simplement, car ils sont rares. Ou, ce qui revient presque au même, on accorde trop d’importance à un tout petit nombre d’entre eux, en oubliant complètement les autres.

 

On ignore les Cygnes Noirs, purement et simplement, car ils sont rares.

 

Mais il ne faut pas oublier que, comme pour ton poulet de ce soir, un Cygne Noir a une influence radicale sur notre vie, et c’est vraiment ça qui est capital. Dans beaucoup de professions, ou dans notre vie privée, les Cygnes Noirs interviennent et chamboulent tous les plans que l’on aurait pu imaginer. En bien comme en mal. » Il regardait dans le vide, et semblait pensif…

« Tu veux parler des professions qui appartiennent à l’Extrêmistan c’est ça. Et tu viens de dire « en bien comme en mal », il existe des Cygnes Noirs bénéfiques ? »

« Oui, il existe des Cygnes Noirs négatifs, qui détruisent des professions et des vies, et inversement, des Cygnes Noirs qui créent en un temps record des succès sans limite. Ces derniers s’appellent des Cygnes Noirs positifs. La clé de la réussite étant de limiter l’impact des Cygne Noirs négatifs sur sa vie et de s’exposer intentionnellement aux Cygnes Noirs positifs… »

« On peut limiter l’impact des Cygne Noirs négatifs, et s’exposer intentionnellement aux Cygnes Noirs positifs ? Tu éveilles ma curiosité N.N., comment peut on faire ça ? »

« C’est d’une grande simplicité, crois-moi. C’est juste que l’on n’a pas l’habitude d’y penser.

J’ai appelé un ami tout à l’heure avant de venir dîner. Au lieu de reprendre l’avion demain, je vais rester quelques jours sur Paris. Tu t’en vas d’ici quand ? »

 

La clé de la réussite étant de limiter l’impact des Cygne Noirs négatifs sur sa vie et de s’exposer intentionnellement aux Cygnes Noirs positifs…

 

Je réfléchissais à toute vitesse. Je voyais bien quelle était l’opportunité qui se présentait à moi.

Je répondit sans hésiter : « J’ai quelques coups de fils à donner demain matin, je reste sur Paris. »

Il sourit : « En voilà une bonne nouvelle ! Tiens je te donne mon numéro de portable. »

Il griffonna quelque chose sur un petit bloc note qu’il sorti de sa veste. Mais il semblait écrire plus qu’un simple numéro et son nom…

 

Il arracha le papier et me le tendit. Il n’y avait pas son nom, juste « N.N. », suivi de son numéro de portable. En dessous il y avait ce court texte :

 

Un Cygne Noir s’identifie grâce à ces trois éléments, intimement liés :

1) il est totalement inattendu ;

2) son impact est gigantesque ;

3) notre cerveau va trouver des raisons logiques pour l’expliquer a posteriori.

Il se leva et me tendit la main pour me dire au revoir, il avait déjà fini son dessert et je n’avais pas encore commencé. Je dois être dans un autre monde, surtout à prendre la décision de rester sur Paris, sur un coup de tête, tout ça pour bavarder avec un inconnu…

Je serrai sa main, et il me dit : « Ne t’en fais pas, tu n’as qu’à voir cette situation comme un Cygne Noir qui sera peut être très positif qui sait. Rappelle-moi demain quand tu peux. Allez au revoir ! »

Il sortit du réfectoire d’un pas rapide. Dire qu’il avait deviné mes pensées ! Je souriais intérieurement.

Tout était très silencieux à présent, sauf mes pensées, qui fusaient dans tous les sens. J’étais le seul qui restait, car il était tard. Après avoir fini de manger pensivement, je rejoignis ma chambre et allumait mon ordinateur portable qui était rangé dans mon sac. Ils ont forcément un réseau dans l’hôtel… La réponse est oui. Je tape « cygne noir » dans le moteur de recherche d’images…

 

cygne-noir1

Les cygnes noirs existent bels et bien. La métaphore de N.N. était là, sous mes yeux, elle me mettait en garde contre mes certitudes, et je me pris à rêver devant la photo affichée sur mon écran d’ordinateur…

Si je pouvais utiliser les Cygnes Noirs à mon avantage, ma vie serait alors transférée dans un monde illimité…

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cygne-noir

Cette histoire sera éditée en plusieurs parties, qui se suivront et se complèteront.

Ce récit repose sur des évènements vécus, et d’autres qui sont imaginés. L’homme dont je fais l’heureuse connaissance est une personne qui existe bel et bien, mais que je n’ai pas (encore) rencontré personnellement.  Que l’auteur du « Cygne Noir » me pardonne mes libertés dans mon récit, j’essaye d’être fidèle à sa personne et à sa pensée du mieux que possible. Pourtant une certaine humilité s’impose à moi, car une fidélité totale n’est pas vraiment réalisable : cet auteur possède un vécu et des connaissances qui vont bien plus loin que les miens. Le but est de vous faire découvrir à tous des concepts qui m’ont beaucoup touché et m’ont fait vraiment réfléchir, le tout à travers une histoire agréable et facile à se représenter.

Si vous êtes curieux(se), alors n’hésitez pas à entrer dans ce monde, vous pourriez en ressortir vraiment changé(e)… d’une manière ou d’une autre !

Aéroport de Paris, 19h30. Ma correspondance est annulée. Quelle surprise ! Ce n’est que la troisième fois que ça m’arrive en dix ans… Bloqué à Paris alors que je n’ai rien d’important à y faire. Pourtant, cette fois je n’aurai pas à prendre le train pour rentrer : ils m’offrent la nuit à l’hôtel Hilton. C’est plutôt pas mal. Pour les autres passagers du vol, l’atmosphère est tendue, cela se sent.

Je récupérai mon bagage, signai les formalités de la compagnie aérienne et me dirigeai vers le minibus qui nous amènera vers l’hôtel. Il est tard, et le voyage, plus ces péripéties, m’ont un peu fatigué.

Un homme en veste marron-claire, chemise bleue, et avec une petite barbe grise s’assied à côté de moi.

« Bonsoir Monsieur, lui dis-je lorsqu’il se mis à l’aise dans son siège, votre vol à lui aussi été annulé je suppose. »

Il se tourna vers moi :

« Bonsoir, oui mon vol a été annulé, mais j’ai l’habitude de traiter avec ce genre de situation. »

Il avait un léger accent.

« Vous êtes étranger ? »

« Hum, oui je suis américain, mais je sais parler français depuis mon enfance. »

« Vous venez de dire que vous aviez l’habitude de traiter ce genre de situation, ça vous arrive souvent quand vous venez en France ? »

« Non, non, pas du tout, les vols annulés cela arrive… même chez moi » me répondit-il avec un discret clin d’oeil. « Ce que j’ai voulu dire c’est que mon travail même consiste à m’adapter aux aléas de la vie, quels qu’ils soient. Ce qui vient d’arriver est une broutille, comparé à ce qui pourrai arriver. »

Ce que j’ai voulu dire c’est que mon travail même consiste à m’adapter aux aléas de la vie, quels qu’ils soient.

J’étais intrigué par ce qu’il venait de dire. Mais pas seulement. Il avait un ton dans la voix qui disait : j’en sais long sur le sujet, très long.

« Pardonnez ma curiosité : quel travail faites-vous donc ? »

Il me répondit droit dans les yeux avec un léger sourire dans la voix :

« D’habitude lorsque l’on me le demande et que j’ai envie de rester tranquille et pouvoir lire, je répond que je suis chauffeur de taxi. Les gens me répondent « Ah », et me fichent la paix. Mais en réalité, je suis ce que l’on peut appeler un « penseur de l’incertitude ». »

Je suis ce que l’on peut appeler un « penseur de l’incertitude ».

J’étais encore plus désarçonné. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait me dire.

« Donc, vous êtes une sorte de philosophe de l’incertitude ? » Tentai-je.

« Oui, c’est ça. Je suis un spécialiste de l’Extrêmistan. Alors que les gens, en général, sont des spécialistes du Médiocristan. »

Je suis un spécialiste de l’Extrêmistan. Alors que les gens, en général, sont des spécialistes du Médiocristan.

Je n’y comprenais rien. Je pensais être tombé sur quelqu’un d’un peu trop spécial à mon goût, et pourtant j’estime être quelqu’un d’ouvert…

Il poursuivit en riant :

« Je vois que j’ai réussi mon entrée ! Vous avez l’air d’avoir les idées qui partent dans tous les sens. Je suis quelqu’un d’un peu original, heureusement pour moi ! Vous pouvez me tutoyer, appelez-moi par un de mes surnom : N.N. »

« Ah, alors tutoyez-moi également, on me surnomme Alex d’habitude. »

« Enchanté de faire ta connaissance Alex. Tu m’as l’air d’être quelqu’un de curieux des choses. Je peux te poser une question ? Tu apprécieras sûrement ! »

« Euh, bien sûr, vas-y N.N. » dis-je en souriant à moitié.

« Tu vois ce minibus, il reste encore quelque personnes qui doivent monter pour qu’il se décide enfin à partir. On doit être une vingtaine à l’intérieur. Regarde les bien, tous, surtout leur taille. »

Nous étions à l’arrière, donc la chose fut rapide à faire, même si ils étaient assis, il était facile de deviner leur taille avec la hauteur du tronc.

« Hum, oui il y a toute sorte de gens. Ils font tous à peu près la même taille. Je ne vois rien de spécial. »

Ils font tous à peu près la même taille. Je ne vois rien de spécial.

« Justement, tu ne vois rien de spécial. Parce qu’il n’y a rien de spécial. La taille des gens fait partie de ce que j’appelle le Médiocristan. Maintenant fait la moyenne de toutes les tailles que l’on trouve dans notre groupe des exclus des voies aériennes… »

« Je dirai 1,70m environ. Oui je pense que c’est une moyenne convenable. »

« Bien, maintenant imagine ceci : un basketteur géant entre dans notre groupe, il fait 2m10 de haut. La moyenne des tailles changera-t-elle de beaucoup ? »

« Non, même dans notre groupe de seulement 20 personnes, la moyenne variera de 1 ou 2 %, tout au plus. Notre géant ne fera pas beaucoup la différence, la moyenne des tailles passera de 1,70m à 1,72m, à tout casser. »

Non, même dans notre groupe de seulement 20 personnes, la moyenne variera de 1 ou 2 %, tout au plus.

« Exactement ! » Il baissa un peu la voix : « Maintenant, essaye d’imaginer le revenu annuel de chacune de ces personnes. Je sais ça ne sera pas facile, ni sympathique pour ceux pour qui tu te trompera de beaucoup, mais peu importe, cela n’influera pas sur la conclusion. »

Je réfléchi pendant quelques secondes et me lançai :

« Bon. Il y a beaucoup de vacanciers et de familles, et des cadres… ah il y en a un qui va monter dans le bus, avec sa femme. Je le reconnais, il refusait que l’on lui paye une chambre « minable », comme il l’a dit lui-même. Il a décidé de payer plus pour prendre une suite. Il a donné 8000 euros au responsable de l’hôtel qui était à l’aéroport, pour que tout soit parfait pour lui et sa femme, et que tout soit préparé afin qu’ils repartent pour le premier avion qui décolle demain matin. Je n’ai jamais vu ça. Bref, il a doit avoir juste une quarantaine d’années, et il s’est fait remarqué… il doit être riche, vraiment riche.

Je vois où tu veux en venir N.N., la moyenne, cette fois-ci, va grimper énormément lorsqu’il montera dans le minibus (s’il accepte de monter !). L’argent est une valeur plus aléatoire que la taille des gens. Du coup, un seul « très riche » va considérablement influer sur la moyenne des revenus des gens. »

L’argent est une valeur plus aléatoire que la taille des gens. Du coup, un seul « très riche » va considérablement influer sur la moyenne des revenus des gens.

« Exact ! C’est ça que j’appelle l’Extrêmistan. C’est le monde des grandeurs non physiques, de l’information, du social. Par opposition au Médiocristan, qui est le monde du physique et de la norme. Personne ne va rentrer dans le bus et mesurer plusieurs kilomètres de haut, c’est physiquement impossible !

Tout le monde fait à peu près la même taille, mais par contre, les gens en général ont un revenu normalisé… sauf quelques-uns. Et ces quelques-uns font une énorme différence ! Bill Gates possède plusieurs dizaines de milliards de dollars, et je suis quasiment sûr que rassembler tout ce que possèdent les personnes à côté de nous réunies, même avec notre riche indiscret de l’aéroport, ne suffirait pas à atteindre 0,1% de ce que possède un Bill Gates.

Tu remarques d’ailleurs que c’est pareil pour la vente des livres. Pense par exemple à J.K. Rowling, l’auteur de Harry Potter, qui a vendu ses livres à plus de 400 millions d’exemplaires. On peut dire qu’elle écrase tous les autres auteurs, plus modestes, qui sont déjà très contents si ils atteignent le cap de 10000 exemplaires vendus. C’est ce que j’ai appelé un succès du type « le gagnant rafle tout », typique de l’Extrêmistan, et qui est parfois un peu trop injuste pour les autres. C’est le monde extrême et quasi-illimité du social, de l’information, de l’économie, d’Internet etc. »

L’Extrêmistan, c’est le monde des grandeurs non physiques, de l’information, du social. Par opposition au Médiocristan, qui est le monde du physique et de la norme.

Le bus démarra enfin. Je réfléchissais à toute vitesse sur ce que ma nouvelle connaissance, un mystérieux N.N. qui ne donne apparemment pas son prénom au premier venu, était en train de me dire. Je n’avais jamais vraiment vu les choses de cette manière. D’un côté il y a la norme, où tout le monde est à la même enseigne, même s’il existe de petites variations. Et de l’autre côté il y a l’extrême, où une minorité va considérablement changer la moyenne établie. C’est le monde, parfois injuste, du « gagnant rafle tout » comme il le dit si bien.

L’Extrêmistan, c’est le monde, parfois injuste, du « gagnant rafle tout ».

Je lui demandai :

« Mais il y a des professions qui sont plus soumise que d’autre à ces variations, non ? Ce que je veux dire, c’est qu’être un auteur comme J.K. Rowling permet d’avoir un succès phénoménal si on réussit, et un échec tout aussi phénoménal si elle ne vend aucun livre. Le bouche-à-oreille et la publicité feront que plus les gens aiment, plus ils en parleront à des amis, et plus les leaders d’opinions en parleront à la télévision, ce qui touchera un nombre encore plus élevé de gens et ainsi de suite… le cycle se répète et prend de l’ampleur. Cela créé une réaction en chaîne qui explose, de manière exponentielle en plus. Il n’y a pas de limite physique au nombre de livres qui peuvent être imprimés, c’est facile et économique à faire ! La seule limite dans l’absolu serait le nombre de personnes sur Terre… »

Il prit la relève et poursuivit mon raisonnement :

« C’est ce que l’on appelle une profession scalable, c’est-à-dire sans limite visible. Notre riche auteur de livre n’a eu qu’à écrire un seul livre, tous les autres étaient des copies faciles à produire. Elle en a vendu des centaines de millions, mais elle n’en aurait vendu qu’un seul, le travail pour elle aurait été le même. C’est la même chose pour Bill Gates. Créer le premier Windows lui a fallu des efforts, mais le gain de ces efforts peut être multiplié à l’infini…

C’est ce que l’on appelle une profession scalable, c’est-à-dire sans limite visible.

A l’inverse, une profession non-scalable est limitée. Un boulanger ne peut pas vendre à l’infini, il doit produire au moins un pain par client. Un professeur qui donne des cours à une classe de Terminale S a une profession non-scalable ; mais le même professeur peut donner des cours sur Internet au monde entier et ainsi multiplier les retombées d’un seul de ses cours pratiquement à l’infini… sa profession devient alors scalable grâce au numérique. Je simplifie un peu mais c’est ainsi que le monde d’aujourd’hui fonctionne. »

A l’inverse, une profession non-scalable est limitée.

Je m’interrogeais tout haut :

« Mais une profession scalable est très sujette aux inégalités, le nombre de Bill Gates et de J.K. Rowling n’est pas très grand. »

« Eh oui, l’injustice y est prépondérante. Imagine un jeune artiste de talent qui donne des représentations de piano tous les soirs dans des salles, et qui se fera souffler la vedette par les simples CD d’un pianiste qui est une star auprès de l’opinion publique. Personne ne se déplace voir le jeune novice pour 10€, par contre tous le monde achètera le disque de la « star » pour 15,99€ ! Le monde du scalable c’est l’Extrêmistan, le monde du tout ou rien, du peu de gagnants qui raflent tout, et de l’immense majorité qui n’a rien. Le monde du non-scalable c’est le Médiocristan, le monde de la norme et du limité, mais surtout du moins risqué ! »

Le monde du scalable c’est l’Extrêmistan, le monde du tout ou rien, du peu de gagnants qui raflent tout, et de l’immense majorité qui n’a rien.

On était arrivé. Le bus s’arrêta devant l’hôtel, tout le monde descendit du minibus. Un portier nous ouvrit la porte. Le hall de l’hôtel était splendide !

« Eh bien, je ne regrette pas d’être sans avion ce soir, le cadre est magnifique, et notre discussion fort intéressante ! »

Au moment où je prononçai ces paroles, un des cadres en costard-cravate qui venait de l’aéroport commença à parler très fort, il cria presque. Je vus alors qu’il était sur son téléphone portable. Il sembla abattu par une nouvelle accablante concernant un « coup raté ». Il n’arrêta pas de répéter qu’il a été trop prudent. Trop prudent ?

N.N. me fit sursauter en se mettant à parler subitement juste derrière moi :

« Un coup en bourse qui a raté, je connais bien ce genre de phénomène, j’ai moi-même été trader. Il a dû perdre beaucoup vu l’intensité de ses cris, et je parierai même ma chemise qu’il se croyait totalement à l’abri d’un gros imprévu. Notre pauvre ami a raté son avion et a subit l’attaque d’un Cygne Noir dans la même soirée. »

Je parierai même ma chemise qu’il se croyait totalement à l’abri d’un gros imprévu. Notre pauvre ami a raté son avion et a subit l’attaque d’un Cygne Noir dans la même soirée.

« Un cygne noir ? Qu’est ce que c’est que ça ? »

« Je vais chercher mes clés au comptoir, nous pourrions continuer cette discussion devant un bon repas. Leur restaurant est ouvert ce soir pour les résidents, et je meurs de faim. Rendez vous au buffet à 21h00. »

Il s’éloigna et n’attendit même pas ma réponse. Un cygne noir ? Qu’est ce que ça peut être enfin…

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105

Anna : « Bonjour Alexandre, peux-tu m’aider pour le cours de systémique appliqué aux entreprises, j’étais absente lundi dernier ? »

Alexandre : « Ah bonjour Anna, oui bien sûr je t’ai promis que je t’aiderai. En plus j’ai lu à ce sujet des informations complémentaires qui pourront t’intéresser… »

Anna : « C’est vrai ? C’est génial, je peux te demander tout ce que je n’ai pas compris dans les notes que l’on m’a donné alors ?

Voilà, premièrement je n’ai pas bien saisi ce que signifiait cette note : « Optimiser localement l’entreprise, sans vision d’ensemble, peut causer sa perte ». C’est-à-dire ? C’est un petit peu paradoxal non ? »

Alexandre : « Hum, Anna tu te rappelles des gâteaux au chocolat que tu as fait il y a 2 semaines pour toute la promotion ? Eh bien je crois que cet exemple va nous aider à comprendre.

Imaginons que ton entreprise a pour but de fabriquer et vendre des gâteaux au chocolat. De quoi as-tu besoin ? »

Anna : « D’accord je joue le jeu Alexandre, mais je ne vois pas où tu veux en venir. Alors, il me faut : du chocolat noir, de la farine, des œufs, du sucre, du beurre. Euh, il me faut aussi un moule, un batteur, et bien entendu un four. »

Alexandre : « Maintenant imaginons que tu as un « fournisseur » différent pour chacun des ingrédients de ton gâteau. Par exemple ce sont des amis à toi qui te fournissent en chocolat, farine, beurre œufs, et sucre. Aussi, imaginons que les œufs soient rares par rapport aux autres ingrédients : il t’en manque souvent. »

Anna : « Il me faut 4 œufs pour faire un seul gâteau, ce qui veut dire que je vais devoir attendre qu’on me fournisse d’autres œufs avant d’attaquer la conception d’un autre gâteau. »

Alexandre : « Exact. C’est ce que notre professeur lundi dernier a appelé le facteur en défaut. Tu te souviens de tes cours de chimie ? »

Anna : « Oui bien sûr, il y a toujours un des réactifs qui va limiter la réaction chimique à cause de sa quantité, qui est limitante. C’est le réactif « en défaut ». Les autres réactifs sont dits « en excès », car il n’y en a plus que nécessaire.

Ici, les œufs sont en défaut car leur quantité est toujours limitante, et tout les autres ingrédients sont en excès c’est ça ? »

Alexandre : « C’est ça !

Le Dr E. Goldratt, dans son livre appelé « Le but », appelle ce facteur en défaut la contrainte. Il a d’ailleurs inventé un système d’analyse et de gestion pour les entreprises, appelé Theory of Constraints ou TOC : la théorie des contraintes, en français.

J’ai lu son livre il y a quelques jours, car on nous l’avait fortement conseillé. En fait, Goldratt explique que la première chose à faire dans une organisation, une entreprise ou n’importe quel système, c’est d’identifier la ou les contraintes. Ensuite, il faut coordonner tous les autres facteurs sur cette contrainte, sinon on fait des choses qui ne servent à rien, ou pire, qui nous coûtent trop ! »

Anna : « Si j’ai bien compris, je dois calquer la gestion de la farine, du beurre, du chocolat et du sucre sur celui des œufs alors ? Je dois donc diminuer mon approvisionnement de ces ingrédients pour l’aligner sur la quantité d’œufs que je peux avoir en ma possession. »

Alexandre : « Exactement. Car que se passerait-il si tu te fournissais au maximum pour avoir le plus d’ingrédients sous la main à toute heure ? »

Anna : « Je vais avoir un défaut de stock d’œufs, et un excès de stock de tous les autres ingrédients. Et donc je vais au fil du temps avoir un stock très important d’ingrédients que je vais devoir entreposer dans mon garage, ce qui me prendra de la place. En plus je vais peut être devoir construire un établi dans le jardin pour stocker mes autres affaires car je manquerai de place. Et pour couronner le tout, je viens d’y penser : le beurre sera en excès, mais il faut le garder au frigo. En plus il ne se garde pas longtemps donc, comme je ne vais pas tout utiliser, je vais en jeter. »

Alexandre : « Ça c’est le problème que vivent les entreprises qui n’alignent pas leurs processus sur la contrainte. Ils ont des stocks qui ne servent pas à grand-chose, mais ce n’est pas le pire… Que se passerait-il si tu t’approvisionnais au maximum en ingrédient, avec ton porte monnaie ?


Anna : « Je dépenserais tout mon argent dans mes stocks. Je ne peux pas fabriquer plus de gâteaux au chocolat qu’il n’y a d’œufs. Donc au final je ne peux pas vendre plus de gâteaux au chocolat si j’achète plus des autres ingrédients

C’est ça ! En fait je ne vends rien de plus, j’augmente mes stocks qui m’importunent, et en plus je dépense de l’argent qui ne me rapporte rien sur le moment alors que je pourrais l’investir dans des choses plus directement utile ! »

Alexandre : « Oui Anna, c’est ce qu’on nous a expliqué en cours lundi. C’est là tout le problème pour beaucoup d’entreprises. Ce qui détermine la force d’une chaîne c’est son maillon le plus faible. Renforcer les autres maillons ne renforcera en aucun cas la chaîne !

Dans industrie par exemple, même très petite, il y a une chaîne de machines. Et selon la théorie des contraintes, au moins une des machines est une contrainte : elle limite toutes les autres machines.

Par exemple :

A → B → C → D → E

A, B, C, D, et E sont les machines. Imaginons que C est la machine contrainte. Elle a une capacité plus basse que les autres. Un des plus mauvais réflexes est de faire en sorte que CHAQUE machine soit poussée à la plus grande utilisation de sa capacité totale. C’est une approche locale, qui a perdu de vue le but global du système : avoir le produit de E et le vendre !

En augmentant les performances de chaque machine A, B, D et E, alors que C reste la contrainte, cela provoque quoi ? »

Anna : « En amont, donc avant la machine C, il y aura de plus en plus de stocks de produits non finis qui vont s’accumuler car C est la plus lente. Et en aval, donc après la machine C, les machine D et E seront super performantes, mais tournerons a vide car il faut de toute façon attendre que C ait fini son travail. Il y a donc des investissements pour améliorer les machines qui n’ont servit à rien, des stocks qui coûtent à être entreposés, et enfin la trésorerie qui a diminué pour acheter les matières premières servant a fabriquer ces coûteux stocks… Génial ! »

Alexandre : « En fait, ça serait un peu le même problème si tu avais embauché quelqu’un de très spécialisé pour t’aider à fabriquer tes gâteaux au chocolat : il va couper les plaques de chocolat noir en petits morceaux. C’est son travail. Que se passerait-il si tu le poussais à devenir de plus en plus performant dans la quantité de chocolat noir qu’il peut couper en un temps donné ? »

Anna : « En ayant en tête la théorie des contraintes, le pousser au maximum pour rien ne serait pas malin ! Car s’il coupait plus de morceaux en un temps donné cela ne servirait pas à grand-chose : la contrainte c’est la quantité d’œufs disponibles, pas les morceaux de chocolat coupés ! En plus, si je le poussais à couper plus de morceaux en une heure il lui faudrait plus de chocolat pour tenir le rythme sur la durée et continuer à avoir la même performance : je vais donc me fournir en chocolat plus que de raison et je vais me retrouver avec un tas de morceaux en chocolat qui vont finir par fondre, devant mon moule et moi en train d’attendre mes œufs ! Non en fait je serais une bien piètre manager si je lui demandais ça…

Mais attends, en fait je vais lui demander de ne rien faire de temps en temps en fait… Ou même de ralentir la cadence et d’être moins performant ! C’est bizarre, c’est à la fois logique et complètement absurde ! »

Alexandre : « Ce n’est pas absurde, car ton but et de vendre des gâteaux au chocolat et de gagner de l’argent. Que ton employé soit le roi de la découpe n’est pas nécessaire et peut même paradoxalement te coûter de l’argent ! »

Anna : « D’où la phrase du cours sur les optimisations locales sans la vision globale : cela peut coûter très cher.

En fait Alexandre, mon but ultime dans mon entreprise c’est bien de vendre mes gâteaux et de gagner de l’argent. Je dois donc mes consacrer sur la contrainte du système et l’améliorer !

Bien sûr, je dois faire en sorte d’utiliser le facteur en défaut à son maximum : pas d’œufs cassés, ni pourris. Et encore mieux : faire en sorte qu’il devienne en excès. Comme ça je pourrais fabriquer plus de gâteaux en un temps donné. »

Alexandre : « Voilà, il faut élever la contrainte comme le dit Goldratt. Mais dans ce cas là il se passera une chose inévitable… »

Anna : « La contrainte, ou facteur en défaut, apparaîtra autre part. Ça deviendra le beurre, le chocolat, ou même le four…

Et il ne faut pas oublier que la contrainte peut être en dehors de mon entreprise, par exemple mes clients ! Là je suppose que le rôle marketing est primordial dans la gestion du système…

J’ai compris ce cours Alexandre, merci pour ton aide, c’est un peu difficile à intégrer comme ça mais c’est fascinant cette histoire de contrainte ! »

Alexandre : « Merci Anna. Attends 30 secondes je cherche quelque chose pour toi, c’est dans mes affaires. Il doit être là.

Tiens je te passe un livre qui t’intéressera : c’est de Pierre Jaeck, qui a écrit sur la théorie des contraintes, Lean, Six Sigma, et leur intégration dans une approche systémique. Cet auteur a touché juste pour ce qui concerne n’importe-quelle organisation ! On nous l’a donné lundi comme source à étudier, en même temps que « Le but ».

Et tu verras, il y a beaucoup plus que ce que l’on viens de dire dans l’approche systémique appliqué à la gestion et les marchés d’entreprise. J’ai eu un peu de mal à comprendre ce principe mais une chose est sûre pour moi : notre vision des choses va évoluer ! Et pas seulement dans les entreprises… »

Anna : « Notre vision des choses va évoluer, et dans autre chose que les entreprises ? Tu m’intrigues. Je sais que tu as une idée derrière la tête quand tu as cette expression : alors dis-moi, à quoi tu penses ? »

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Mon premier cours de systémique. On m’a bien signifié l’importance de cette partie de ma formation. J’essaye de me concentrer au maximum.

Après sa présentation, mon professeur commença à parler :

« La systémique, c’est l’étude des systèmes. Ce mot, systémique, résonnera dans votre esprit toute votre vie durant. La systémique enseignée ici est une science, car elle est une manière de raisonner. Elle permet ainsi d’agir de manière efficace et sûre.

A présent, commençons par ses règles de bases.

  1. La systémique est une représentation du monde, ou une modélisation diront certains. Elle utilise l’approche scientifique. Elle est rigoureuse. Elle pose des hypothèses, elle teste, elle mesure, elle interprète, elle conclue.
  2. La systémique utilise toujours le concept de processus. Un processus est un évènement définit spatio-temporellement. Le but est de représenter les fonctionnements d’une manière absolument dynamique.
  3. Les processus sont de trois sortes : « C » pour changement, « E » pour espace, « T » pour temps. Un processus T ne change pas d’espace relativement aux autres processus pris en compte, il ne se déplace que dans le temps. Un processus E change d’espace relativement aux autres. Les processus C enfin effectue une transformation, c’est-à-dire que les processus internes, ou « sous-processus », vont changer les uns par rapport aux autres.
  4. La systémique compare les processus entre eux. Cela signifie que si un phénomène ressemble à un autre dans ses causes et ses effets, c’est que les processus sont similaires. Il y a des degrés de similarité, en fonction des éléments communs et différents qui composent les processus.
  5. Les processus qui composent le système sont des boîtes noires. On ne sait jamais exactement ce qui se passe à l’intérieur, car parfois est inutile de chercher à l’intérieur. Car l’énergie dépensée à analyser l’intérieur d’une boîte noire peut être supérieure à l’énergie gagnée par l’apport de cette analyse.

Voilà les 5 premiers points.

Maintenant je vous laisse quelques minutes pour réfléchir aux implications de ces points. Allez-y. »

Il a été un peu vite je trouve. Je profite de ces minutes accordées pour me concentrer sur mes notes et raisonner.

– Le premier point tout d’abord. La représentation et l’approche scientifique, ça me paraît parfaitement logique. Si dans cette école ils construisent des stratégies, je suppose que toutes leurs stratégies s’appuient sur une représentation du monde. Et plus cette représentation s’appuie sur des connaissances solides, plus elle sera utile.

– Bon d’accord, maintenant le deuxième point. Un processus, des causes et des conséquences, des entrées et des sorties, ça me rappelle quelque chose. Et tout ce qui est défini scientifiquement est défini dans l’espace et le temps. Les quatre dimensions, trois spatiales et une temporelle, ça me paraît logique également.

– Les processus en question sont identifiés en trois catégories. Certainement pour pouvoir leur accorder un rôle dans le système global. Des processus constants, avec du temps et de l’espace. Des stocks et du déplacement je suppose. Et un troisième processus de changement, ou de transformation.

– Il a dit de comparer les processus entre eux, de voir les similarités et les différences. Hum, les similarités…on m’a dit que c’était ce qui donnait à la systémique sa grande souplesse, car elle peut transposer des connaissances d’un domaine à un autre, une pluridisciplinarité en fait. Ensuite elle identifie les différences. C’est également important pour ne pas appliquer ces connaissances sans les modifier pour les besoins d’un système spécifique.

– Enfin, cette histoire de boîte noire. Cela vient des sciences cybernétiques peut être. On ne doit pas extrapoler ce qu’il y a dans un processus. Un médecin doit guérir un patient. Selon les circonstances, il doit regarder ou non plus en détail. Plus de détails nécessite plus d’énergie pour identifier ces détails, donc il y a moins d’énergie pour identifier les processus extérieur. Mais je n’ai pas eu le temps de finir ce raisonnement…

« Alors, j’aimerais que l’on parle en précisément de ces premiers concepts, reprit le professeur. Je sais que ce n’est pas évident, mais vous êtes ici pour vous instruire, réfléchir, intégrer de nouvelles données et transformer votre esprit. Rappelez-vous, vous irez loin uniquement si vous n’abandonnez pas devant les difficultés. »

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– Professeur : Vous désirez une voiture haut de gamme ? Vous voulez acheter un modèle BMW ou un modèle Mercedes ? Vous hésitez. Vous ouvrez un magazine et découvrez cette publicité qui tombe juste au bon moment :

« BMW ou Mercedes ? Il y a de nombreuses raisons de choisir une BMW. Pouvez-vous en donner dix ? »

Lors d’une étude menée par Michaela Wänke et son équipe, cette publicité a été montrée a des étudiants en économie. A un autre groupe d’étudiants de la même université, on a montré une publicité très légèrement différente :

« BMW ou Mercedes? Il y a de nombreuses raisons de choisir une BMW. Pouvez-vous en donner une ? » (L’accent est mis sur le dernier mot).

Ensuite, on a demandé aux étudiants de donner leur avis sur les deux marques. On leur a demandé également de dire quelle marque de voiture ils seraient prêts à acheter plus tard. Le résultat est net :

    Pour ceux qui ont vu la première publicité (avec les dix raisons à donner) ils préféraient la marque Mercedes à BMW (contrairement au but de la pub).

    Pour ceux qui ont vu la seconde publicité, leur préférence allait à BMW plutôt qu’a Mercedes.

Qu’est ce que cette étude vous inspire comme réflexion ?

– Émilie : Les gens ont été plus influencé par la pub dans laquelle on ne leur demandait de réfléchir qu’a un seul argument au lieu de dix.

– Professeur : Oui et, à votre avis, pourquoi ce phénomène s’est produit ?

– Jérôme : Je sais, les personnes n’aiment pas réfléchir ! (Rires étouffés dans la salle)

– Professeur : Bien Jérôme, ce n’est pas exactement ça, mais tu n’est pas très loin. En fait, les psychologues parlent d’aisance pour qualifier ce phénomène : plus une tâche est simple à effectuer, plus le jugement sera positif.

Trouver un seul argument est simple, cela suffira à convaincre la personne qui l’a trouvé que BMW est meilleur. D’autant plus que, comme c’est lui qui a trouvé l’argument, il ne peut être que convaincant !

Maintenant si on nous demande de donner dix arguments différents en faveur de BMW, cela devient très difficile, surtout quand on ne connaît pas bien les caractéristiques de la marque. La tâche devient réellement ardue, et anti-publicitaire. Non seulement nous ne sommes pas convaincus car nous ne voyons pas tous ces aspects positifs, mais en plus nous sommes frustrés de ne pas pouvoir réaliser cette tâche.

Pouvez-vous aller plus loin dans ce raisonnement ?

– Alexandre : Les gens aiment quand ils peuvent s’imaginer facilement dans une situation agréable, leur jugement et également plus positif. Expliquer à un client comment il peut devenir propriétaire et baisser ses impôts en utilisant à son avantage les lois fiscales n’est pas une tâche facile ! Par contre ça sera plus facile dans une situation différente : je décris à un client de quelle manière il va passer des vacances de rêves sur une île paradisiaque avec sa famille, où il entendra la bruit des vagues qui s’abattent sur une plage de sable fin, sentira l’odeur des embruns, se détendra au soleil des tropiques et à l’ombre des palmiers… tout ceci grâce à une augmentation importantes des bénéfices de sa propre entreprise.

– Professeur : Oui, c’est le même phénomène Alexandre. Les situations complexes doivent être rendues concrètes pour des clients, ou même les membres de votre famille si vous voulez les séduire par les joies des vacances à la montagne…

Restez toujours simples et concrets face à vos interlocuteurs, c’est capital.

– Jérôme : S’il vous plaît, j’aimerai vous poser une question concernant la difficulté d’une tâche. Ne pourrait-on pas demander à des clients de donner un grand nombre d’arguments en faveur des produits et des services d’un concurrent ? De cette façon la faveur des clients n’ira pas à ces concurrents et il nous suffira de demander ensuite au client une seule bonne raison de travailler avec nous.

– Professeur : Ah, Jérôme, je te reconnaît bien là ! Tu as donc si peut confiance en tes propres capacités que tu veux éliminer tes concurrents ? (Rires collectifs)

En fait la technique d’élimination que tu décris est déjà utilisée par certains professionnels du commerce et de la pub. Ce n’est donc pas original, dommage pour toi.

– Alexandre : En fait Jérôme a toujours eu certains instincts de guerrier ! Mais rappelles-toi ce dont nous avons parlé lors de notre partie d’échec ce matin, le but est d’attraper le roi, pas d’éliminer toutes les autres pièces ! Tu as perdu la partie à cause de ton instinct guerrier (sourire).

– Professeur : Belle métaphore du jeu d’échec Alexandre. Bien que je sache pertinemment que ton instinct de conquête est aussi bel et bien présent, sauf que tu sais mieux le gérer que ton collègue. Certainement depuis tes épreuves de stratégie de l’année dernière.

– Alexandre : Ou aussi lors de notre étonnante partie de « jeu de go »…

– Professeur (en souriant) : Bon à présent continuons notre apprentissage.

Sources :

  • N.J. Goldstein, S.J. Martin, R. B. Cialdini, « Yes ! Devenez un as de la persuasion », L’entreprise

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Je me suis toujours demandé ce qui faisait agir les gens. Je suis en train de m’entretenir avec un de mes professeurs, spécialisé dans les comportements humains.

Professeur: Tu vois Alexandre, cette question là, ce qui fait agir les êtres humains, c’est le « graal » de tout communicant, vendeur, négociateur, leader, politicien, mari, femme, enfant…

Alexandre: Hum, je pense que c’est avant tout une information capitale dans les relations humaines.

Professeur: Capitale? Hahaha, oh non elle n’est pas capitale! Elle est absolument indispensable! Tu n’arrivera jamais à grand chose dans la vie sans avoir cela en tête Alexandre. Je me suis souvent demandé comment les gens arrivaient à vivre sans cet automatisme. On est tous bien peu instruit de ce côté là je te l’assure. Heureusement que que tu es inscrit à cette école pas vrai?

Alexandre: Heu, tu viens de parler d’automatisme, à quoi tu faisais allusion?

Professeur: La compréhension de l’esprit humain bien entendu! Regardes.

Il prit un papier, et griffonna un schéma tout en m’expliquant ce qui suit.

Tu vois, ça c’est le cerveau humain. Tout devant nous avons le cortex pré-frontal, siège du raisonnement, et qui joue peut être un rôle important dans ce que nous identifions comme la « conscience ». Le reste du cerveau est composé de parties spécialisées, qui communiquent sans cesse les unes avec les autres mais de façon « inconsciente ».

Pour simplifier toute cette structure complexe, il y a 2 processus qui fonctionnent ensembles. Un que l’on appelle l’inconscient, et l’autre le conscient. Mais ces parties ne sont pas réellement isolées l’une de l’autre, elles travaillent en coopération.

Tout ce qui est inconscient est déjà automatique, ancré dans le comportement d’une personne. Elle n’y pense pas, elle le fait c’est tout.

Tout ce qui est conscient par contre est une simulation mentale, une réflexion. Le conscient s’active quand il n’existe pas de processus inconscient capable de répondre au problème précis qui se pose. Alors écoute bien ceci, c’est important: le conscient sert à faire des expériences non vécues, simulées, afin de créer un nouveau processus automatique chez l’individu. Et comment ce qui est imaginé deviendra automatique? En ressentant du plaisir Alexandre, du plaisir! Voilà une des clés élémentaire de l’esprit humain: en ressentant du plaisir ce qui est imaginé par le conscient deviendra automatique, et sera ancré dans l’inconscient.

Alexandre: Si je comprend bien, nous avons tous un programme appelé le « conscient », qui sert à créer des nouveaux automatismes grâce au raisonnement, validé par la sensation de plaisir, et une autre partie qui s’appelle « l’inconscient », qui correspond à tous ces automatismes. Et pour que quelqu’un fasse quelque chose, il faut que cela passe dans la partie inconsciente. C’est cela?

Professeur: Exactement. Tu imagines un scénario, par exemple tu t’imagines rencontrer un chef d’entreprise pour lui proposer tes services de conseils, et tu fait un calcul probable, une simulation mentale. Tu te vois rejeté par le chef d’entreprise car tu t’imagine hésitant et peu convainquant dans tes arguments et tes questions. Dans ce cas là, tu aura une sensation de déplaisir, et tu n’ira pas voir le chef d’entreprise en question. Le comportement imaginé n’aura pas été validé par la sensation de plaisir et ne deviendra pas opérationnel.

Mais alors, tu ne pourra pas abandonner comme ça, tu vas automatiquement chercher une solution. Ton esprit conscient va s’imaginer, t’imaginer, en train de travailler tes arguments, ta posture, ta confiance en toi, pendant une journée. Et tu vas ensuite t’imaginer le lendemain: tu te vois plus convainquant et tu imagines le chef d’entreprise très stimulé par les perspectives que tu lui annonces. Tu vas ressentir du plaisir en imaginant cela, et donc le comportement imaginé va devenir automatique, réel: tu vas te mettre à travailler ton pouvoir de conviction chez toi et tu vas aller voir ton chef d’entreprise avec confiance.

Alexandre: Je vois! C’est de là que proviennent toutes les méthodes de motivation en faisant travailler correctement l’imagination.

Donc pour que quelqu’un agisse, soit il faut déclencher ses automatismes déjà existants, soit il faut en créer un grâce a ses simulations mentales conscientes, et la valider avec une sensation de plaisir.

Professeur: Oui, la sensation de plaisir, un mécanisme hormonal, va renforcer un réseau neuronal créé artificiellement par l’esprit conscient. Mais l’esprit conscient se sert de ses croyances, de son savoir existant et donc de tout ce qui est déjà automatique, pour créer une nouvelle combinaison. C’est le mécanisme de plasticité neuronale, en association avec tes apprentissages antérieurs. Au lieu de tout expérimenter, le conscient sert à imaginer les expériences sans avoir à les vivres.

Alexandre: Et qu’est-ce-qui fait plaisir au gens? Pourquoi ce qui est imaginé par le conscient est validé par le plaisir?

Professeur: Parce que le conscient doit imaginer des choses utiles pour l’individu. Imaginer, calculer, ce n’est pas un luxe, tout doit être utile. Et ce qui est validé par le plaisir doit être jugé efficace pour l’individu.

Les choses qui donnent du plaisir sont celles qui ont permis l’existence de tes ancêtres biologiques, et de toi même!

Ce qui donne du plaisir, c’est tout ce qui correspond: aux besoins physiologiques (manger, boire, relations sexuelles, confort, sécurité, faire de l’exercice…), aux besoins de liens sociaux (avoir des relations saines est toujours intéressant pour l’individu car il peut y avoir complémentarité des compétences), au besoin de maîtrise de l’environnement (avoir un contrôle sur son environnement donne toujours du plaisir, que ce soit en obtenant des informations ou en manipulant des objets ou même en dirigeant des personnes), au besoin de croissance, de faire toujours mieux, de se dépasser (un mécanisme complexe qui repose sûrement sur le social, c’est à dire faire mieux que les autres pour être précieux, et également sur le besoin de faire toujours plus avec moins, car l’esprit humain aime la puissance, la maîtrise et la facilité).

Il y a beaucoup de recoupements entre ces catégories, n’oublies pas la devise de la systémique: tout prend un sens dans le complexe. Car toutes ces notions forment un seul et même complexe: le système cognitif des gens.

Alexandre: Donc le plaisir est quelque chose d’assez universel. En connaissant les priorité de chacun, nous pouvons savoir ce qui lui fait plaisir, et le comportement qu’il est capable d’avoir.

Professeur: Le chef d’entreprise dont on parlait tout à l’heure possède des désirs. De la même façon que tu as imaginé ton comportement avec lui, et que celui qui t’a fait plaisir a été validé, son esprit fonctionnera de la même manière. Tu dois lui parler de ce qui l’intéresse si tu veux qu’il agisse. Tu dois lui parler d’argent, car en tant que chef d’entreprise il y a des chances que ça l’intéresse. N’oublies pas que l’argent est un moyen d’accéder aux plaisirs dont j’ai parlé plus haut: tu peux te nourrir, te loger, donner aux autres, avoir plus d’influence, acheter des informations et du savoir-faire, avoir plus de temps pour toi etc.

Alexandre: Les gens qui travaillent pour de l’argent n’ont pas vraiment de temps pour eux habituellement. Mais je suppose qu’ils ont mal équilibré leur stratégies. Ils ont mal imaginé le comportement à avoir avec leur esprit conscient et ont mal évalué tout ce qui était le plus important pour eux. Je pense que si j’allais voir ce chef d’entreprise, je lui dirai comment il pourrait gagner plus d’argent en faisant moins, et en ayant plus de temps pour lui, sa famille et pour sa croissance personnelle. Et surtout, je lui ferais imaginer cette perspective de manière claire, précise et vivante, pour que son esprit conscient l’amène à la sensation de plaisir de vivre cette réalité.

Professeur: Oui, oui c’est ça! C’est exactement ce qu’il faut faire! Sers-toi de ces connaissances Alexandre, maintenant le monde t’attend.

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