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Léonard De Vinci a énormément stimulé l’imagination. En laissant de côté les théories et écrits les plus invraisemblables qui ont été fait à son sujet, nous pouvons étudier l’homme, l’être universel de la renaissance.
En fait, l’uomo universale est un homme idéal, complet et harmonieux, qui serait à l’aise à la fois dans l’art et dans la science. Que demander de plus ? En fait cette notion me fait souvent réfléchir, car la tendance actuelle est à l’hyper-spécialisation, ce qui est logique dans une société d’efficience absolue. Les deux notions sont intéressantes, une fois combinée intelligemment : un être universel, capable de se spécialiser à l’envie selon les circonstances… a le mérite de faire rêver. Mais pourquoi pas après tout ?
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Donc, avant de partager avec vous des articles concernant mon projet (que je dois mettre en place, patience…), j’aimerais vous parler brièvement de Léonard De Vinci.
Premièrement, en vous faisant partager cette lettre que Léonard adressa en 1482 à Ludovic Sforza, duc de Milan, et qui doit être l’une des demandes d’emploi les plus célèbres de tous les temps :
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Ayant, très illustre Seigneur, vu et étudié les expériences de tous ceux qui se prétendent maîtres en l’art d’inventer des machines de guerre et ayant constaté que leurs machines ne diffèrent en rien de celles communément en usage, je m’appliquerai, sans vouloir faire injure à aucun, à révéler à Votre Excellence certains secrets qui me sont personnels, brièvement énumérés ici.
1° J’ai un moyen de construire des ponts très légers et faciles à transporter, pour la poursuite de l’ennemi en fuite ; d’autres plus solides qui résistent au feu et à l’assaut, et aussi aisés à poser et à enlever. Je connais aussi des moyens de brûler et de détruire les ponts de l’ennemi.
2° Dans les cas d’investissement d’une place forte, je sais comment chasser l’eau des fossés et faire des échelles d’escalade et autres instruments d’assaut.
3° Item. Si par sa hauteur ou par sa force, la place ne peut être bombardée, j’ai un moyen de miner toute forteresse dont les fondations ne sont pas en pierre.
4° Je puis faire un canon facile à transporter qui lance des matières inflammables, causant un grand dommage et aussi grande terreur par la fumée.
5° Item. Au moyen de passages souterrains étroits et tortueux, creusés sans bruit, je peux faire passer une route sous des fossés et sous un fleuve.
6° Item. Je puis construire des voitures couvertes et indestructibles (des tanks) portant de l’artillerie et, qui ouvrant les rangs de l’ennemi, briseraient les troupes les plus solides. L’infanterie les suivrait sans difficulté.
7° Je puis construire des canons, des mortiers, des engins à feu de forme pratique et, différents de ceux en usage.
8° Là où on ne peut se servir de canon, je puis le remplacer par des catapultes et des engins pour lancer des traits d’une efficacité étonnante et jusqu’ici inconnus. Enfin, quel que soit le cas, je puis trouver des moyens infinis pour l’attaque.
9° S’il s’agit d’un combat naval, j’ai de nombreuses machines de la plus grande puissance pour l’attaque comme pour la défense : vaisseaux qui résistent au feu le plus vif, poudres et vapeurs.
10° En temps de paix, je puis égaler, je crois, n’importe qui dans l’architecture, construire des monuments privés et publics, et conduire l’eau d’un endroit à l’autre. Je puis exécuter de la sculpture en marbre, bronze, terre cuite. En peinture, je puis faire ce que ferait un autre, quel qu’il puisse être. Et en outre, je m’engagerais à exécuter le cheval de bronze à la mémoire éternelle de votre père et de la Très Illustre Maison de Sforza.
Et si l’une des choses ci-dessus énumérées vous semblait impossible ou impraticable, je m’offre à en faire l’essai dans votre parc ou en toute autre place qu’il plaira à Votre Excellence, à qui je me recommande en toute humilité.
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Source : Les carnets de Léonard de Vinci
Il a été embauché. Ce qui ne m’étonne pas trop, car il n’y a pas grand chose à redire à cette « lettre de motivation » : axée sur les intérêts du duc, concise, concrète, et Léonard à l’air sûr de lui c’est le moins que l’on puisse dire…
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Deuxièmement, j’aimerais beaucoup vous faire partager les « Sept principes léonardiens » que l’auteur Michael J. Gelb a énuméré dans son livre Pensez comme Léonard De Vinci (Les Éditions de L’Homme). C’est un livre dans lequel se trouvent de très bonnes idées et analyses pertinentes de la vie et des méthodes de Léonard De Vinci. Malheureusement, ces idées côtoient également des « trucs » trop actuels et à la mode (je pense notamment au mind mapping, ou au vieux cliché tenace du cerveau gauche et droit dans l’usage de la créativité etc.) ce qui, à mon goût, dégrade un peu la cohérence d’ensemble du livre.
Ces 7 principes léonardiens sont pourtant très bien trouvés et parfaitement sensés, je vous laisse les apprécier à votre tour :
- La Curiosità : Une curiosité insatiable et une soif inextinguible de connaissance.
- La Dimostrazione : La volonté de mettre vos connaissances à l’épreuve par l’expérimentation, la persistance et le désir de tirer des leçons de vos erreurs.
- La Sensazione : Le raffinement continu des sens, en particulier de la vue, dans le but de rehausser vos expériences.
- Le Sfumato (signifiant littéralement « L’art du vaporeux ») : La capacité à tolérer et la volonté d’embrasser l’ambiguïté, le paradoxe et l’incertitude.
- L’Arte / La Scienza : La recherche de l’équilibre subtil entre Science et Art, logique et imagination.
- La Corporalità : La recherche de la grâce, de la bonne forme physique, de l’ambidextérité et de l’élégance.
- La Connessione : La reconnaissance et l’éloge de l’interdépendance de nombreuses choses et de nombreux phénomènes. La pensée systémique.